Burundi
8.3
Burundi

Album de Michel Portal (2000)

Michel Portal, Stephen Kent, Mino Cinelu – Burundi (2000)


Un album de Michel Portal, peut être passé relativement inaperçu, sorti en l’an deux mille, en collaboration avec deux autres Musiciens. Son nom « Burundi » ne correspond pas au lieu d’enregistrement, mais peut-être à un souvenir de voyage et aux sensations ressenties alors…


Michel Portal joue du saxophone soprano ou de la clarinette basse, Steven Kent du didgeridoo, que l’on qualifie souvent de plus ancien instrument de musique sur la terre, il joue également des percussions et du violoncelle, Mino Cinelu joue également des percussions et chante également.


L’album contient environ soixante-douze minutes de musique, c’est donc un assez gros pavé, il faut dire que chacun a apporté ses compos et les a soumises à ses deux partenaires, seuls les deux premiers titres sont des collaborations. Michel Portal est crédité sept fois à l’écriture, Milo Cinelu cinq fois et Steven Kent quatre fois, il y a ici un beau partage.


Bien qu’un peu oublié et peut-être incompris, cet album me semble être d’une grande beauté, ce « partage » a aussi une signature, ces trois-là ont, ensemble, trouvé en effet une couleur, une personnalité partagée au service d’un « son » commun, d’une fusion à trois, qui s'avère très réussie.


Il y a comme une dominante « africaine » et tribale dans la musique, même si elle n’intervient qu’indirectement, d’abord par l’importance considérable des percussions, fondamentales ici, on le doit principalement à Milo Cinelu, un orfèvre en la matière, aidé par Steven Kent, qui est également crédité.


Ce-dernier apporte énormément au son du groupe avec le didgeridoo qui intervient tel un drone, il est en effet utilisé avec la technique du « souffle continu » ou « souffle circulaire », une technique qui permet au musicien de souffler dans son instrument sans discontinuer. C’est évidemment impressionnant, mais ne fatigue pas le musicien expert, « didg2 » et « didg3 » en sont de magnifiques exemples.


Ce très large éventail de percussions et ce drone bâtissent un climat, une atmosphère parfois étrange, sur laquelle il est aisé à notre improvisateur de bâtir sa maison, des édifices tous plus magnifiques les uns que les autres, qui s’élèvent, au son du soprano ou de la clarinette basse…


Les titres défilent avec majesté, « calimba », « burundi », « pigmee », « impro », « mino2 », « canon », « milesruns » ou « no parking » pour n’en citer que quelques-uns. Un disque voyageur donc, comme une soucoupe qui s’envole ou peut-être un tapis, pour évoquer ces peuplades, pourtant proches, mais qui semblent si lointaines, quand notre vision s'étrique.


Merci à ces musiciens d’ouvrir une fenêtre, et de nous réapprendre à respirer…

xeres
9
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le 17 avr. 2023

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