Bien étrange feeling que celui qui se dégage de cet album de Dave Greenslade, ex-Colosseum. Accompagné de Simon Phillips (toujours impeccable) à la batterie et de Steve Gould, ex-Rare Bird, à la voix, le claviériste avait tout en main pour dégoupiller une grenade progressive. Mais les harmonies développées, parfois Canterbury, au mieux, souvent très kitsch semblent ankylosées par des motifs rythmiques peu audacieux. En écoutant cet album, l'auditeur pourra à juste titre avoir la sensation de marcher sur le fil entre le mauvais gout (le catastrophique Time Takes My Time chanté par Dave lui même, dont les paroles m'ont inspiré le titre de cette chronique) et une certaine classe (Country Dance). La pochette est bien sur magnifique, les bons moments présents mais la qualité des compositions est à des années lumières des standards du genre. Rappelons nous qu'en cette même année 1976 sévissaient sur le marché prog des claviéristes fous et fulgurants comme Dave Stewart, Alan Gowen, Patrick Moraz, Kerry Minnear (chez GG)....
Un album à réserver aux fans de rock progressif habitués à écouter les albums les plus obscurs pour n'en tirer que le meilleur... jusqu'à ce morceau répondant au doux nom de FINALE qui enfin réveille la plume épique du compositeur. Doublé d'un orchestre symphonique, Greenslade se permet une partition plus intéressante (rappelant les musiques de séries de SF de l'époque, Star Trek et Battlestar Galactica en tête, mais sans en atteindre le souffle épique), qui fait passer la pilule et quasiment oublier les errances précédentes.