Isabel Parra (née en 1939) reprend sur cet album les chansons de sa mère Violeta Parra (1917-1967).
Il n'y a pas la pochette sur senscritique, et c'est bien dommage, parce qu'elle me parle beaucoup. Il s'agit d'une photo de la mère embrassant la fille.
Isabel Parra est très jeune, elle a un sourire magnifique, Violeta a déjà pas mal de cheveux blancs.
J'ai découvert l'existence de Violeta Parra avec le film que Walter Salles lui a dédié et dont je tairai le titre. Autour de moi tout le monde l'a trouvé noir, chiant, dépressif.
Moi je l'ai trouvé, noir, beau, dur. Mais plus beau qu'autre chose, en fait. Sa musique elle est plutôt joyeuse, il y a beaucoup de flûtes, de guitares, d'airs entraînants, c'est un monde andin, oui, elle était chilienne. Elle décrit les histoires des gens pauvres de la cordillère, s'interroge sur leurs conditions sociales, essaie d'imiter le chant des oiseaux, puis les chansons se font de plus en plus étranges, abstraites, le sommet est peut-être "el gavilan". Le gavilan doit être un oiseau, elle essaie de reproduire son chant, avec des trilles, c'est beau et inquiétant en même temps. Plus la chanson passe, plus on se rend compte que c'est une décharge de venin contre l'homme qui l'a trompée. "Mentiroso", crie-t-elle, d'une voix furieuse. Mais elle n'est pas sur cet album.
A part les œuvres du début, pas assez abouties, il n'y a pas grand chose à jeter dans la discographie de Violeta Parra, du moins, de ce que j'ai entendu. Elle chantait à une époque où le format album ne s'était pas imposé, les droits aussi à mon avis c'était compliqué. Ce qui était d'elle, ce qui était de quelqu'un d'autre, c'est difficile de s'y retrouver.
Avec cet album, c'est beaucoup plus facile.
Sa fille ainée, Isabel, a fait le tri. Elle s'est entourée de très bons musiciens, elle a réarrangé les chansons, si bien que la plupart de ses versions sont meilleures que celles de sa mère, pour une oreille du XXIème siècle.
Un album rare, magnifique, envoutant, beau et sombre à la fois, construit à travers les décennies par la famille Parra.
Il y a quarante quatre pistes, et il y en a un autre après, mais cela ne doit pas vous faire peur. Personne ne vous oblige à écouter d'une traite.