Disons-le nous : c'est pas l'album de l'année, mais putain que c'est rafraichissant.
Ca fait du nouveau avec du vieux, avec un savoir-faire presque innovant pour un genre musical - le post-punk en l'occurence - qui peine à retrouver la gloire qu'il a connu il y a maintenant quarante ans de cela. Mais ici on ne parlera pas seulement de post-punk. L'univers de Cold Beat est extrêmement riche, réunissant une diversité d'influences qui relèverait presque du ridicule. Post-punk et gothic rock, mais également jungle pop, krautock ou encore minimal wave sont de la partie.
En effet, Chaos By Invitation, le nouvel album de ce petit groupe californien du nom de Cold Beat, cherche à ressusciter les démons des Young Marble Giants, de Bauhaus et New Order, le tout en un seul coup. Oh et on retrouve aussi un peu de la synthpop des Magnetic Fields. Ah et on croirait entendre la douce voix de Debbie Harry (Blondie). Que d'influences multiples, mais maitrisées, pour ce nouvel opus de Cold Beat, qui dresse une passerelle entre les courants synthwave/coldwave des années 80 et la scène post-punk actuelle.
Mince, j'ai parlé de "petit groupe californien" ? Cette mention aurait été correcte sur les albums précédents de Cold Beat. Mais plus ici. Car sur cet opus, Hannah Lew, la frontwoman du groupe, assure pratiquement tout sans l'aide de ses ex-camarades. Pour des raison plus ou moins obscures, ceux-ci l'ont délaissée alors qu'ils venaient à peine d'entamer à composer et enregistrer ce qu'allait donner Chaos By Invitation. Heureusement, plusieurs musiciens sont venus lui prêter main forte, notamment le guitariste de Total Control, pour donner une perspective nécessaire et une sensibilité nouvelle au projet de Cold Beat.
Tous les morceaux ont un degré de qualité surprenant pour un si petit projet, donnant ainsi des hits punks envoutants tels que Don't Touch ou Strawberry Moon. Les fans des jangle pop reconnaitront également ces riffs de guitares cristallins sur 62 moons, si chers aux Smiths et à Felt. Mais le synthé reste le roi sur cet album, par rapport aux guitares, la majorité des morceaux prennant plus souvent pour base des boucles électroniques qui atteignent des sommets sur Ivory Tower, le tout surplombé des paroles enchanteresses de Hannah Lew. Cette dernière s'est déclarée d'ailleurs être particulièrement fan des carrières musicales de Neu et des Tubeway Army. Ca ne m'étonne même pas.
Au final, on est face à une petite merveille de post-punk, qui puise dans une quantité de genres tellement impressionnante qu'on ne peut s'empêcher d'écouter Chaos By Invitation en cherchant de tête quels groupes ont influencé tel morceau, quel artiste à influencé tel autre, et caetera ... Cet album, c'est du fun à l'état pure. C'est du post-punk à la sauce gothique, certes, mais ça n'a pas cette étiquette "ambiance froide et mélancolique" qu'on colle si souvent à ces genres. Les compositions sont toutes aussi délectables les unes que les autres, les influences nombreuses sont en harmonie.
Allez, je retire ma première phrase. Tout compte fait, on tient peut-être là l'album de l'année dans la catégorie "le meilleur des années quatre-vingt revu par des jeunes qui n'étaient pas nés lors de la chute du Mur de Berlin".