Art Ensemble of Chicago - Coming Home Jamaïca (2002)


Comme pour beaucoup ici je suppose, l’Art Ensemble fait partie des meubles, sa discographie occupe les rayons jusqu’à l’année quatre-vingt-cinq environ, sans compter les albums en solo qui fleurissent au fil des noms des musiciens qui le compose. Le groupe est emblématique de la musique free et les albums qui marquent son évolution sont des étapes souvent passionnantes et indispensables pour l’amateur.


Et puis au fil du temps, l’attention se lâche un peu et les repères discographiques sont moins nombreux, ainsi ce « Coming Home Jamaica » m’était-il inconnu, peut-être le format Cd à une époque où je flashais presqu’ exclusivement sur le vinyle ou, sans doute plus sûrement, une période où les priorités de la vie paraissent plus importantes que la musique.


Bref, il m’apparait comme neuf, comme s’il venait de naître. Joseph Jarman n’est plus là, il a payé son impôt au temps qui passe. Les autres continuent la route, après en avoir goûté le plus incertain et le plus difficile, ils bénéficient désormais d’un statut plus confortable et rassurant, d’ailleurs, semble-t-il, ils sont ici en mode « vacances » à Bonham Springs, en Jamaïque.


Ils ont droit à plus de deux mois de répétition dans un studio pendant l’hiver quatre-vingt- quinze/quatre-vingt-seize, une situation quasi bourgeoise pour ce quartet qui fut si révolutionnaire. Malachi Favors, Roscoe Mitchell, Lester Bowie et Famoudou Don Moye ont bien mérité de goûter au repos et à l’insouciance, ce sentiment de sécurité s’entend d’ailleurs dans la musique jouée ici.


Très peu d’expérimentation ou d’explorations aventureuses mais des titres au format plus courts, la plus longue des huit compositions atteint les douze minutes, « Mama Wants You » qui est sans doute le titre le plus accrocheur, signé de Lester Bowie et Malachi Favors. L’autre compo assez longue « Malachi » est probablement celle qui se rattache la plus au passé, je l’aime également beaucoup avec ses méandres impressionnistes.


On remarque également « Strawberry Mango » et ses airs de reggae, plaisant et décontracté, ainsi que « Lotta Colada » à la structure caribéenne, le titre final qui paraît un peu scolaire. L’album file assez vite et son approche est aisée, assez loin des turpitudes passées.

xeres
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le 21 juin 2023

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