Don Cherry - Complete Communion (1966)
Blue note a souvent une image un peu surannée, voire vieillotte, j’espère avoir réussi un peu à montrer l’autre face, en vous présentant des albums plutôt modernes ou d’avant-garde, comme ce « Complete Communion » de 1966 signé Don Cherry.
Un simple quartet à l’origine d’un album vraiment remarquable, en équilibre très instable, avec le bout d’un pied encore dans le hard-bop et l’autre déjà posé dans le monde de l’après, celui de l’audace et de l’incertain…
Les présentations : Don Cherry avec son cornet. Gato Barbieri, saxophoniste argentin extraordinaire et tonitruant pendant son début de carrière, qui dériva vers les musiques commerciales et naufragea irrémédiablement vers la fin, triste destin artistique qui ne doit pas nous faire oublier ses plus belles pages qui resteront pour toujours dans un petit coin de notre mémoire.
Henry Grimes, extraordinaire bassiste, qui enregistra auprès de la fine fleur du free jazz, connut lui aussi un destin tragique, oublié pendant plus de trente ans et présumé mort, son destin bascula lorsqu’il vendit sa basse pour se nourrir, tombé dans la pauvreté, il ne put jamais s’en arracher, il fut redécouvert par un travailleur social et revint sur la scène en 2002, depuis il tourne !
Edward Blackwell, dit « Ed », batteur - poète qui fait des vers avec ses toms et de la peinture avec ses baguettes, une sorte de bienveillant génie solaire. On pourrait dire également qu’il transforme, lorsqu’il la touche, la lourdeur en légèreté.
Je prends un peu mon temps en parlant du « monde », car il y a des circonstances particulières ici : l’album a été enregistré le jour de Noël 65 ! Deux suites, chacune composée de parties ou sections qui s’emboîtent avec finesse, formant ainsi un grand tout. La première suite « Complète communion » qui est logée sur la première face est constituée de trois parties, la seconde « Elephantasy » possède quatre parties et vous déduirez (si, si, par vos propres moyens) où elle se loge.
Pour le reste, c’est juste un chef d’œuvre, allez, merci Ornette !