Dans la continuité de mes découvertes musicales liées à la viole, j’en suis venu à m’intéresser à l’oeuvre d’Alfonso Ferrabosco, ou plutôt des Alfonso Ferrabosco, puisque tant le père que le fils furent des virtuoses et c’est là un des intérêts de cet album : il réunit et entrelace des œuvres du père et du fils. Alfonso Ferrabosco le jeune est une des grandes figures anglaises de la viole, et c’est pour cela que je me suis naturellement intéressé à son œuvre. Si j’adore les Maîtres Français de la viole, je voulais écouter de quelles manières cet instrument fascinant a été joué dans les autres «écoles», et je me suis donc dirigé vers le répertoire anglais. Comparé aux œuvres de viole françaises, la musique des Ferrabosco est plus douce, plus légère, tout en conservant cette mélodie complexe et nuancée inhérente à la viole. On se laisser facilement bercer par cette musique calme et subtile, qui fait preuve d’un lyrisme modeste, mesuré, sans élans passionnés qui viendraient briser la dynamique de l’album. D’ailleurs, les œuvres du père et du fils partagent étonnamment un ton assez similaire, comme si le fils avait composé dans la continuité directe du père tout en enrichissant sa musique, et il est donc émouvant d’entendre leurs œuvres ici réunies. Ensemble, ils ont composé des musiques magnifiques qui ont traversé l’Histoire et ainsi, ils ont atteint l’immortalité.