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Omar l’avait annoncé, le deuxième album de cette nouvelle cuvée allait mettre l’accent sur les guitares acoustiques et les mélodies sucrées. Le chevelu à même avoué que cet opus est la bande son d’un film jamais sorti. Démêler le vrai du faux dans cette histoire est aussi difficile que de démêler les bouclettes du guitariste en question. Dans tous les cas, Corazones est une énorme surprise. Omar Rodríguez-López ne nous avait pas habitué à tant de clarté et de calme dans sa musique. Un renouveau, certainement temporaire, qui prouve une fois de plus que Omar Rodríguez aime les prises de risques.
L’esprit plus clair.
Ne jamais rester dans sa zone de confort est LA caractéristique principale de Rodríguez-López. Cet album s’inscrit totalement dans cette logique. Le chant clair de Omar nous interpelle directement. Habitué aux surcouches d’effets, cette simplicité frappe l’oreille dès les premières notes de «We Feel The Silence». On y retrouve également le doux son d’un mélodica, instrument de prédilection de Cedric Bixler Zavala. De là à savoir si c’est bel et bien le chanteur des Mars Volta qui se cache derrière, rien de plus compliqué. En effet, les crédits de cet album sont assez obscurs. On sait juste que Teri Gender Bender est venu porter main forte aux chœurs et que Omar s’occupe du chant et de la guitare. Quid de la basse et de la batterie…
Malgré ces mystérieux crédits, Corazones est l’album le plus accessible de la gigantesque discographie de Omar Rodríguez-López. Ce ne sont pas les deux superbes singles « Five Different Pieces » et « Running Away » qui vont nous faire dire le contraire. Avec leurs accents pop/folk, ces deux morceaux sont très efficaces. Preuve que Omar Rodríguez-López est un compositeur bourré de talent. « Five Different Pieces » qui ressemble d’ailleurs étrangement à un mélange entre du Ghinzu et du The Kooks. Deux groupes bien loin des influences du guitariste.
Plus terre à terre, Omar dévoile une nouvelle facette de sa personnalité musicale. Cette sensibilité s’était déjà exprimé dans le somptueux Ciencia De Los Inutiles, album de balade en compagnie de son ancienne compagne Ximena Sariñana. Malgré les ressemblances, Corazones est assez différent. La batterie et les nombreuses apparitions de guitares électriques viennent donner plus d’ampleur et de pêche aux morceaux. Des morceaux qui deviennent alors de beaux voyages en pleine nature, comme nous le suggère « It Was Her » et ses similitudes avec la soundtrack d’Eddie Vedder pour Into The Wild. Comme quoi, les musiques de film ne sont jamais très loin.
La palette s’élargit.
Quand il ne nous berce pas (« Lola ») et qu’il ne nous fait pas dandiner (« Running Away »), Omar Rodríguez-López fait ressortir son côté ricain avec « Arrest My Father ». Folk et blues comme pas permis, ce titre se dote même d’un harmonica ! De quoi accentuer encore un peu plus le sentiment de cavalcade entre cowboys et indiens. Une fougue qui se calme instantanément avec le morceau suivant : « Some Sort Of Justice ». Avec ses faux airs de Pink Floyd, période The Wall, cette balade est une petite respiration réussie et bien méritée.
Omar ne nous avait pourtant pas préparé au morceau final : « If I Tell You The Truth I Will Be Made Of Lies ». Condensant toutes les facettes de cet album, ce dernier morceau au titre à rallonge vient clore cette surprise musicale de la plus belle des manières. Rythme et Solo endiablés, la vraie nature de Omar Rodríguez-López semble ressortir. Comme si cet épisode folk était nécessaire au musicien pour continuer d’avancer, de se tester et d’évoluer. Malgré les différences avec le reste de sa discographie, Corazones effectue un petit retour aux sources en retravaillant « Sea Is Rising », un morceau sorti précédemment sur le très étrange Unicorn Skeleton Mask. Digne d’une composition des Mars Volta, « Sea Is Rising » est l’un des moments phare de cet album.
Conclusion
Corazones était annoncé comme du jamais vu dans la discographie de Rodríguez-López, autant vous dire que la surprise était bel et bien au rendez-vous. Des aspects plus traditionnels et grand public ressortent de cet album. Après la fougue de Sworn Virgins, la douceur et l’esprit de Corazones viennent une fois de plus bouleverser nos certitudes à propos de la musique du génie d’El Paso. Avec deux « tubes » évident et une plâtré de morceaux géniaux, ce nouvel album est une franche réussite. Le plaisir d’écoute et là, sans perde cette sensation de découverte et d’incertitude. Un album de Omar Rodríguez-López c’est comme une boîte de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber (Big Up Forest). Pour toute ces raisons, Corazones décroche cinq Omar Rodríguez-López avec des grosses lunettes sur cinq. Un score parfait bien mérité tant ce changement de style musical est réussi.