John Medeski – Crawlspace (2021)
On connaît John Medeski pour son trio en compagnie de Martin et Wood, on sait également qu’il fréquente John Zorn depuis belle lurette et qu’il a participé à nombre de ses albums, il y a aussi cette amitié qui les réunit. Alors que les temps ne sont pas trop faciles pour Zorn qui a été escroqué, il a dû se recentrer sur Tzadik, son label, et y sortir principalement ses propres œuvres, ne pouvant s’offrir le luxe d’un bide commercial.
Ça, c’est ce qu’on pensait, mais rien n’est vraiment raisonnable chez ce démiurge, aussi, quand au début de la crise Covid, en 2020, il propose à son ami Jon Medeski de faire un album en solo en lui disant : « Tous tes claviers, tout ce que tu veux, de la folie, vas-y à fond », il savait qu’il pouvait s’attendre à de l’inédit !
Du coup le claviériste ne se fit pas prier, il s’enferma en studio pendant quarante-huit heures en compagnie de ses machines et s’attaqua aux « vides-sanitaires ». Côté matos c’est du sérieux, Yamaha CS-60, Korg Delta, pédales moog taurus, minimoog, mellotron m400, m400d digital mellotron, korg bx-3, microkorg, Hammond a100 et (sans déconner) un piano.
Voilà, voilà, le Cd est sorti en fin d’année 2021, avec le petit obi, typique de Tzadik, sur lequel on peut lire le message suivant : « Non il n’y a pas de problème avec votre chaîne Hi-Fi, c’est bien ainsi que la musique est censée être entendue ». Bon, c’est honnête vu que l'obi est lisible avant l’achat, chacun saura qu’ici Medeski cède à la musique expérimentale.
Le titre de l’album se nomme « Crawlspace », une fantaisie électro-acoustique. On y trouve deux mouvements, le « movement I » et le « movement II », pour trouver un musicien assez proche de ce trip musical on peut penser à Jean-Marc Foussat, bien que ce dernier ait une démarche plus humble. Ici, passé l’introduction, on ne peut pas dire que l’on soit vraiment agressé, bien que les séquences alternent pour former un véritable patchwork musical assez étonnant.
C’est même parfois assez enlevé et ça vous embarque plutôt bien si vous n’êtes pas allergiques au son des machines, il faut s’attendre également à des bruitages inouïs, à des divagations sonores parfois sympathiques, à des collages souvent bien foutus, globalement c’est assez planant.
Par chance il y a des extraits youtube, bien que l’on sache qu’ils ne restent pas très longtemps, Tzadik les éradique en général assez rapidement.