Quand les Melvins, Teri Gender Bender et Omar Rodriguez-Lopez collaborent sur un nouveau projet, autant vous dire que ma culotte est plus humide que jamais ! On ne va pas épiloguer sur Omar Rodriguez-Lopez, j’en parle un peu partout sur ce blog. Sillonnant l’Amérique en première partie des Melvins avec son groupe Le Butcherettes, la chanteuse/guitariste Teri Gender Bender est à l’initiative de ce supergroupe. L’idée était toute trouvée ! Considérés comme des héros par Dave Grohl et Kurt Cobain, les Melvins – Buzz Osborne (guitare) et Dale Crover (Batterie) – sont également des musiciens actifs sur la scène underground depuis la fin des années 80. Les deux comparses ont créé l’un des groupes les plus importants et prolifiques du rock. Crystal Fairy est un projet qui confronte alors deux générations de musiciens, ce qui se ressent évidemment dans leurs créations. Ah, et puis Omar Rodriguez-Lopez y joue de la basse…
Un mariage réussi.
Sur le papier, le line-up a de quoi faire peur. La musique brut de décoffrage des Melvins mixée avec la folie parfois gênante de Teri Gender Bender et les expérimentations aléatoires d’Omar Rodriguez-Lopez pourraient très vite virer à l’indigestion. Le malaise n’aura pourtant pas lieu. Les quatre musiciens collaborent parfaitement et s’inspirent mutuellement. Il n’y a aucun doute : le son de Crystal Fairy est taillé par ET pour les Melvins. Un bloc de granite opaque et solide que Teri Gender Bender vient tailler à sa guise avec un chant sauvage qu’elle maîtrise si bien. Sa performance sur « Drugs On The Bus » est d’ailleurs très impressionnante. En équilibre entre le génial et le cabotinage, frôlant souvent le pastiche d’une Juliette Lewis ou d’une Karen O, Teri Gender Bender est une créature mystique complexe et passionnante. On ressent également clairement sa patte sur « Sweet Self » qui sonne comme un morceau de Le Butcherettes.
Et Omar Rodriguez-Lopez dans tout ça ?
J’ai tenu deux paragraphes sans dire un mot sur l’implication de Omar Rodriguez-Lopez dans ce projet. Un exploit ! Comme précisé plus haut dans l’article, Rodriguez-Lopez joue de la basse sur cet album. Quitte à avoir l’un des meilleurs guitaristes de sa génération, autant lui faire jouer de la basse. Omar s’était déjà atteler à la quatre corde dans deux groupes : De Facto (dub) et Le Butcherettes (art rock). Après mure réflexion, Rodriguez-Lopez est finalement à sa place. Il n’est pas là pour faire des étincelles, mais bien pour épaissir encore un peu plus le son des deux Melvins. Son univers artistique ne transparaît quasiment jamais sur ce disque et son jeu de basse est assez conventionnel. Mais alors pourquoi lui ? Son amitié sans faille avec Teri Gender Bender est peut-être un élément de réponse, l’expérience d’un rock plus massif en est un autre. On retiendra tout de même ce superbe riff de basse sur l’ouverture de « Drugs On The Bus ».
Des Melvins qui font le taf, une Teri Gender Bender en pleine forme et un Omar Rodriguez-Lopez en retrait font de Crystal Fairy une étrange curiosité. Ce choc des générations aboutit en une musique hybride, entre art rock et sludge. Un mélange étourdissant mais réussi. Crystal Fairy est-il un groupe d’un nouveau genre ? Seul le temps nous le dira.
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