Dave Douglas & Frank Woeste – Dada People (2016)
Quelle pochette ! Voici deux dadaïstes rassemblés par la magie de la photo, Man Ray et Salvador Dali qui nous jettent un regard habité et hypnotique. Avec un tel titre, « Dada People », et une telle pochette, on pourrait s’attendre à une remise en cause de l’esthétisme habituel de la musique de jazz, à un coup de pied dans la fourmilière, ou du moins à des glissements « free » pleins de liberté et de remises en cause…
Point trop n’en faut, nous en sommes loin, et pas de révolution ici, ou alors de velours. Non pas que la forme soit habituelle ou consensuelle, car il se passe des choses ici, mais les changements sont à la marge, ils tiennent à quelques notes, ici ou là, qui font le job, transportent ou bouleversent, étonnent et surprennent, font mouche, souvent dans le jeu de Dave Douglas.
Il joue de la trompette, à son habitude, avec toute la maîtrise qu’on lui connaît, au piano et au Fender Rhodes, le co-leader, Frank Woeste partage avec Dave le goût de la composition. Les deux alternent dans la succession des pièces, dix au total, donc cinq chacun. Le bassiste est Matt Brewer et Clarence Penn est le batteur.
Un quartet classique, avec des compos très inspirées comme le superbe « Montparnasse » en hommage à l’égérie de Man Ray, Alice Prin, un titre qui balance entre tristesse et romantisme. Ou bien encore "Noire et Blanche" au rythme funk, qui donne envie de bouger. Il faudrait aussi parler du titre d’ouverture « Œdipe » qui évoque Éric Satie.
Cet album fait partie de ceux dont on se dit qu’ils sont parfaits, l’exécution, le travail, la mise en œuvre, tout est nickel. Alors, avec une certaine malice, on dira peut-être, un sourire en coin, qu’il est trop « lisse » et pour ainsi dire, trop parfait, sans surprise. C’est qu’il faut se pencher pour y trouver l’âme, se concentrer, et la chercher, seulement alors on a une chance de la trouver…