Nazgûl est un projet italien extrêmement singulier. Formé en 1996, ils enregistrent une démo, "Omne Est Paratum", sorte de prototype de cet album qui sortira 4 ans plus tard.
Et que dire à part que c'est une pièce maitresse d'un genre pas toujours maitrisé mélodiquement : le Black Metal symphonique.

Nazgûl nous montre qu'il ne suffit pas forcément de mettre qu'un vulgaire clavier sur des riffs moulinés pour faire du symphonique puissant, riche et inspiré à l'instar de Summoning. On sent clairement le projet purement studio tant la richesse des compositions est poussée, au point de très rarement trouver un équivalent dans l'histoire du Black Metal.
Les riffs sont pourtant très classiques mais l'aspect progressif et orchestral des compositions atteint un tel paroxysme qu'on pardonne totalement leur simple travail "de fond". Un simple accompagnement brutal, rythmé par une boite à rythme généralement très rapide et une voix aiguë, "hurlante" façon Helheim (ancienne période).
Une autre voix grave totalement pitchée ponctue régulièrement les morceaux, et le résultat est époustouflant : l'impression d'entendre un Nazgul au chant (et je pense que c'est clairement voulu !) avec un Sauron qui s'exprime de temps à autre. Ça parait ridicule dit comme ça, mais il faut l'entendre pour le croire.
L'univers axé sur le monde de Tolkien se ressent clairement, on a parfois l'impression voler sur un dragon derrière un véritable Nazgûl. C'est très rare qu'un groupe arrive à marquer autant son propre style en s'inspirant d'un univers précis et "lambda" comme celui de Lord of the Rings.

Je disais que Nazgûl utilisait une boite à rythme très rapide mais il ne faut pas croire qu'elle se contente de faire du blast tout le long, bien au contraire. Les nombreux breaks et autres passages alternatifs, tous magnifiques "symphoniquement", sans compter les morceaux instrumentaux, apportent une richesse considérable aux compos déjà bien épiques et poignantes. Et que dire de l'aspect clairement progressif du disque, un voyage dans lequel je peux me plonger en boucle de l'intro à l'outro sans me lasser.

Autre point très important à aborder : l'aspect symphonique/médiéval très particulier de Nazgûl... Nous renvoie directement aux RPG de l'ère 32bits voire 16bits ! Beaucoup de midi (ou alors quelque chose de très proche comme des vieux VST) dans les orchestrations. Et le résultat est tout bonnement génial et cohérent contrairement à ce qu'on pourrait imaginer: claviers, orgues, harpes, flutines, rythme martiaux/médiévaux... Tout est finement composé, fouillé, pour nous transporter directement dans nos souvenirs vidéoludiques les plus épiques, au point de presque croire à un "arrange album" d'une OST de jeu.

Ce De Expugnatione Elfmuth - l'album est intégralement écrit en latin - est donc une pure merveille.
Nazgûl livre un disque atypique dans son approche, dans sa production et dans sa conception des mélodies au sein du genre Black Metal.
Inoubliable.

PS : Presque aucune nouvelle du groupe depuis... Nazgûl a toujours été un binôme très discret et c'est bien dommage.

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le 20 déc. 2013

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Raoh

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