Elvin Jones – Dear John C. (1965)
Histoire de se faire un petit plaisir je mets sur la platine ce vieil album de soixante-cinq, dans sa version mono, juste pour goûter le son, pour le frisson d’époque. Le maître Elvin Jones lui-même, sur Impulse, période « A love Supreme », sans le génie sans doute, mais avec une certaine magie malgré tout !
On pourrait le ranger avec les albums de post bop, comme tant d’autres, mais il y a Elvin tout de même, énorme ici, vraiment parfait, comme on l’aime, avec sa force et sa puissance, mais aussi son doigté et son jeu de cymbales souvent nuancé. Mais ce n’est pas tout, il y a également Richard Davis à la basse, certainement un des plus grands de l’instrument, royal ici.
L’album est enregistré lors de deux sessions espacées de deux jours, l’une du vingt-trois février, l’autre du vingt-cinq, aussi la disponibilité des musiciens n’est pas assurée, ainsi Hank Jones, le frère aîné d’Elvin, tient-il le piano lors de la première session, et est remplacé par l’excellent Roland Hanna lors de la seconde.
Mais il faut bien un souffleur pour suppléer à John Coltrane à qui l’album est dédié, et bien, rien d’évident au premier abord, mais c’est le saxophoniste alto Charlie Mariano qui est l’élu, et, croyez-moi si vous voulez, mais il est tout simplement extraordinaire, en fait à son meilleur pour ceux qui le connaissent !
Le format de l’album est sans surprise, neuf titres au total, cinq d’un côté et quatre de l’autre, des reprises, des standards. « Dear John C. » qui ouvre l’album est la pièce la plus imprégnée de l’énergie spirituelle Coltranienne, signée par le patron du label Bob Thiele ainsi que par Bob Hammer.
Mais il y a des pièces de Mingus, Parker ou Duke, de quoi naviguer dans les styles et les ambiances, et aussi des standards comme « Everything Happens To Me » ou « Smoke Rings », les pièces sont assez courtes, s’arrêtent toujours avant les six minutes et livrent leurs secrets assez rapidement, soumises à la verve bouillonnante d’un Charlie Mariano qui nous éblouit par sa très grande classe.
De ces albums qui resteront sans doute mineurs, et qui pourtant libèrent une grande beauté et beaucoup de positivité.