Si profond soit le trou que tu creuseras, si majestueux le château que tu édifieras, le vent l'emportera.
Les empires les plus grandioses et les plus éclatants, Broadway et Byzance, Tokyo, Paris, London ou Delhi, un jour aussi, le vent les emportera.
La haine des racistes fascisants, le cynisme des hommes pressés de Vivendi ou des marchands d'armes, et toute la verve adolescente que tu pourras accumuler contre eux, le vent les emportera.
L'Europe elle-même, celle de tes rêves comme la véritable, dans toute sa magnificence ambivalente, le vent l'emportera.
Et quand l'humanité parviendra à coloniser l'espace, à établir des liaisons interstellaires et des taxis pour la galaxie, alors qu'elle pensera avoir enfin dépassé sa condition, son État galactique, empire ou république, lui aussi, le vent l'emportera.
Alors que faire ? Noir Désir a choisi la beauté de la musique. La voix tantôt rêveuse, tantôt hargneuse, tantôt désabusée de Bertrand Cantat allongeant ses textes d'une poésie rare, les guitares précises de Serge Teyssot-Gay, un harmonica ou un solo de clarinette. Alchimie de la mélancolie. Rien de plus, et tout est déjà là. Le vent les portera.