Des visages des figures par Much
J'ai un problème avec cet album.Vraiment. Ce qu'il se passe c'est qu'une fois que je presse la touche "play", une fois que commence le riff de "L'enfant roi", je deviens comme prostrée, indisponible pour le reste du monde puisque propulsée dans les plus lointains recoins de mon petit cerveau, et ce jusqu'à ce que l'Europe s'éteigne dans la bouche de Brigitte Fontaine. J'y perds des heures, j'arrive partout en retard, j'annule des rendez-vous, je pose des lapins, tout ça pour la seule raison que je ne peux physiquement pas interrompre l'écoute. Et je tape du pied, et je tortille du croupion, et je branle du chef, et je siffle, et je répète après eux, et j'ai l'air bonne pour l'internement mais l'exultement intérieur chaque fois répété ne peut être contenu. Tout semble tellement à sa place, chaque note précisément à l'endroit qui lui était réservé, chaque mot choisi entre tous, et puis il y a l'harmonie. L'harmonie qui faisait de Noir Désir plus que la réunion d'excellents musiciens mais cette entité solide qui, malgré quelques fugaces ruptures bien avant le split final, semblait ne pouvoir faire autrement qu'exister. "Toujours être ailleurs", qu'ils disaient. Alors chacun de son côté a exploré un coin du monde, en a ramené quelques ingrédients à verser dans la marmite et, au terme d'une cérémonie chamanique, ils donnèrent vie au dernier LP. C'est dense, ça semble à la fois réfléchi et spontané, c'est un plaisir toujours renouvelé. Et ça laissait présager tellement de bonnes choses que ça me laissera toujours un petit goût de regret.
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