Rock dans l'Outback
Ah, ces années 80 ! Où chacun vantait d'avoir son groupe préféré en le faisant concourir dans des débats de cours de lycées. Où l'un ne jurait que par Depeche Mode, quand un autre portait The Cure à...
le 14 août 2017
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Ah, ces années 80 ! Où chacun vantait d'avoir son groupe préféré en le faisant concourir dans des débats de cours de lycées. Où l'un ne jurait que par Depeche Mode, quand un autre portait The Cure à son panthéon personnel, en ajoutant encore un autre qui considérait U2 comme le dieu des groupes et du rock. Ces groupes apportaient de bons moments de musique, je ne le nie pas, mais il me fallait autre chose. Il y eut d'abord INXS avec son album, Kick, dont l'intérêt envers le groupe des frères Farriss s'étiola avec les années. Mais peu après INXS, en 1988, vint cet autre groupe australien, Midnight Oil, dont "Beds Are Burning" tournait dans les radios FM et embellissait un bel été dans mon adolescence. Le voilà, mon groupe ! Celui avec qui j'avais souvent voyagé avec l'intégralité de sa discographie achetée deux ans plus tard, à l'époque, du noir éponyme de 1978 jusqu'à Blue Sky Mining paru au début de l'année 1990.
Le succès de Diesel And Dust en France, avait pris le groupe par surprise quand celui-ci avait décidé de ne plus venir tourner dans le pays des fromages et des vins, en plus d'avoir lancé un boycott sur tous les produits français importés en Australie. La cause ? La brûlante affaire du Rainbow Warrior qu'il y eut en Nouvelle-Zélande, dans laquelle les services secrets français avaient cherché à empêcher le mouvement écologiste Greenpeace de voguer jusqu'à l'atoll de Mururoa pour protester contre les essais nucléaires. Le clip du redoutable "Put Down That Weapon" nous le rappelle bien, avec un Peter Garrett au regard d'acier et contenant mal sa colère.
L'album, qui se vendra chez nous à 600 000 exemplaires à cette période, commence par le célèbre et désormais classique "Beds Are Burning" : démarrage en trois coups de trompette et la rythmique cradingue mais fluide comme de l'huile de moteur s'engage. La basse de Peter Gifford est pour beaucoup dans cet effet donné, effet qu'on entendra souvent dans l'album comme dans le splendide et onirique "Warakurna" et l'hymne contestataire "The Dead Heart", dont le clip de ce dernier faisait découvrir un monument géologique vénéré par les Aborigènes, Uluru ou Ayers Rock, cet immense monolithe rouge situé en plein cœur de l'Australie. "Bullroarer" permet de continuer à voyager en pays aborigène, dans une rythmique similaire à celle de "The Dead Heart", où on peut entendre un boomerang en plus d'un autre instrument donnant le titre à la chanson et qui est utilisé par des tribus, ce qui donne ce vrombissement dans l'air quand il est tourné au bout d'une ficelle à la manière d'une fronde. Se rappeler de la scène dans Crocodile Dundee II, où Mick Dundee (joué par l'acteur Paul Hogan) fait appel à ses amis autochtones pour contrer les trafiquants colombiens venus le pourchasser. Le calme "Arctic World" est émouvant avec sa section de cordes et "Sell My Soul" porte puissamment un écho d'assez loin. Concernant l'artwork, une superbe photo en noir et blanc illustre en beauté le livret de CD, montrant des enfants aborigènes posant au bord d'une rivière. Bam ! La claque émotionnelle ! La même photo mais cette fois en couleur illustrant le boîtier (en VHS chez moi) du film Black Fella White Fella, film tourné en 1986 montrant les Oils accompagner un groupe de rock aborigène, The Warumpi Band, dans le bush et que je conseille de voir ou de revoir.
Diesel And Dust m'avait rendu amoureux de l'Australie et j'ai encore quelques réminiscences du rêve d'y aller un jour. Dans une autre vie peut-être ... Pour l'instant, c'est toujours l'île-continent qui vient à moi en musique, par le biais d'un des groupes de rock australiens les plus populaires de ces dernières années.
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le 14 août 2017
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