Toujours prête dès qu’il s’agit de défendre l’héritage de l’enfant prodige, la famille de J Dilla a concocté Dillatronic, pour une quarantaine de pistes inédites.
41 titres. Comme à l’usure dans les albums de J Dilla, même posthumes, la quantité est au rendez-vous. La qualité aussi, on vous rassure tout de suite. Des fourmillements de titres qui oscillent entre quelques secondes et trois minutes, au mieux. A chaque morceau, son idée, son expérimentation. Tous ceux qui connaissent J Dilla savent qu’il était un monstre de travail, presque autiste du sillon vinyle, créant des beats à longueur de journée. Il les distribuait, par CD gravés, à ses amis. C’est donc un travail de collecte qui caractérise Dillatronic.
Il faudra considérer les titres de Dillatronic par leur plus simple appareil fonctionnel. « #01 » constitue l’intro, « #41 » la conclusion. Entre, donc, un tas de titres qu’il vous faudra trier, par vous-même. Ce Dillatronic n’est pas pré-mâché. Pourtant, on peut voir quelques boucles thématiques dans ce puzzle à 41 pièces à refaire soi-même. Les envolées exotiques aux inspirations arabes des « #05 », « #06 » ou « #30 » répondent à d’autres séries de Dilla pur jus. « #04 », « #07 », « #11 », « #32 » sont des modèles iconiques du style du natif de Détroit, avec ses sirènes de police, ses basses bondissantes et ses envolées synthétiques. Une larme à l’œil, et on repart.
Parfois, Dilla s’écarte de ses samples chéris pour verser dans de l’expérimental, bien à lui cette fois. Si vous aimez les beats minimaux et les expérimentations de synthétiseur, les « #10 », « #15 » et « #08 » sont faits pour vous. Et puis, évidemment, il y a aussi les inclassables, sans lesquels un album de Dilla ne serait pas vraiment un album de Dilla.
DU MIEUX PAR THÉMATIQUE
Les inclassables, ce sont ces titres qu’il est impossible de décrire musicalement. Seul le vocable de la sensation peuvent s’y appliquer. Dans le genre, il y a bien ce « #14 », aquatique et rêveur. Ce « #16 », sûrement au programme des radios vintage du prochain GTA. Ce « #22 », clownesque et syncopé. Le filmesque s’invite quant à lui sur les « #20 », « #33 » et « #12 ».
Parfois, Dilla permet même de montrer son jeu et expose ses hommages. C’est ainsi qu’il donne un ton de Dre à « #02 », un soupçon de Madlib à « #29 », un air de Pete Rock sur « #35 ». Il lorgne même sur les nappes ambiantes de Boards of Canada sur « #36 » et celles des Selected Ambient Works d’Aphex Twin sur « #31 ».
Alors, comparé à Donuts, The Shining ou même Rebirth Of Detroit, ce Dillatronic semble un brin plus fouillis, moins organisé, moins recherché, parfois. Chacun des titres, à quelques exceptions, est comme un premier brouillon qui n’aspire qu’à être poli. Au grand regret du monde, ce ne sera jamais le cas, puisque Dilla n’est plus. Il n’empêche qu’on ne crache pas, ni maintenant, ni jamais, sur tout titre réalisé par le génie parti trop tôt. Et on rêve à la pensée un peu folle que, de son vivant, Dilla aurait fait encore plus dingue des boucles d’essai de ce Dillatronic.
COEFFICIENT HYPE : VRAIMENT BON
Publié sur hypesoul.com