Cet album de 79 marque, qui plus est à Paris, encore carrefour de la vie musicale à l'époque, la rencontre entre l'Afrique et l'Amérique symbolisée par le pianiste Bobby Few.
Cheikh Tidiane Fall est né au Sénégal, à Dakar, et Jo Maka à Conakry, en Guinée. Ce trio a bâti sur cet enregistrement une des faces de ce qu'on nommera plus tard la "musique du monde", et cette fois l'origine africaine de cette musique n'est ni rêvée, ni idéalisée, à la façon d'un Shepp ou d'un Sun Ra, mais réelle et patente, en prenant corps avec deux musiciens africains émérites. D'ailleurs le titre de l'album a des références Sénégalaises.
Cet album, je l'ai chopé à sa sortie et je ne m'en suis jamais lassé, tout ceux avec qui je l'ai partagé l'ont apprécié. Ça vole haut, Bobby few au piano est volubile et aérien. Tidiane Fall, ici aux percussions, précis et léger et Jo Maka déploie sa grande classe. Il suffit de s'y coller une minute pour comprendre et appréhender la possible dimension de cet album...
Si "Dream Drums", se joue de nous, en forme de poursuite et de cache-cache, bien vite cet album se révèle être une merveille sans faiblesse, aussi c'est avec plaisir que je vous invite à passer un peu de temps en sa compagnie, comme on le fait devant une bouteille de bon vin, en prenant le temps, les sens aux aguets ...
Jo maka décèdera en 81, il aura participé entre autres à l' Intercommunal Free Dance Music Orchestra avec François Tusques. Son jeu au soprano est particulièrement mis en valeur sur cet album. Héritier de John Coltrane, très certainement, tant le géant a marqué de son empreinte son époque, pour sûr, il faudra sans doute convoquer le silence pour s'en échapper...
Une réédition tardive en Cd ajoutera deux titres supplémentaires enregistrés 23 années plus tard, hélas cela s'entend et ces deux titres ne possèdent pas la magie de ceux gravés sur la galette... De plus l'album est renommé "Jom Futa" pour des raisons qui me sont inconnues.
Bonne dégustation!