A peine paru l’an passé, et déjà réédité en version augmentée d’un second cédé « L’homme primitif décomposé » auquel les mêmes qualités s’appliquent qu’au premier : spectral, organique, liquide, voire boueux par endroits (pensez à prendre vos bottes avant de vous aventurer dans ses obscurs méandres), et même caverneux, avec peintures rupestres. Tel un Rahan des âges cyber-farouches, Steve voulait créer un son d’apparence ancienne, et usé par le temps. « C’est vraiment devenu comme une fouille archéologique, alors que je passais au tamis différents mondes sonores pour découvrir le noyau de l'homme primitif. »
Dans « Late Dawn », deux espaces sonores (la jungle et la grotte) se superposent pour en créer un troisième, inédit et accueillant, à condition de ne pas abuser des sandwichs au pangolin que d’affables aborigènes vendent à la boutique-souvenir à côté de l’entrée du parc.
On peut somnoler et oniriser tout son saoul sur cet album atmosphérique, sans craindre de se réveiller en sursaut et l’échine couverte d’une mauvaise sueur parce qu’on s’est brusquement retrouvé confronté au porc de l’angoisse dans un souterrain maudit, comme ça arrive fréquemment avec d’autres disques Roacheux, et aussi dans le final du Don’t Look back de Nicolas Roeg.