Abdullah Ibrahim – Ekaya (Home) – (1983)
Un album enregistré au Van Gelder Studio, sous la supervision de Rudy Van Gelder lui-même, voilà qui donne confiance. En effet l’album est bien réussi, il faut dire qu’Abdullah Ibrahim, aka Dollar Brand, a réuni ici une belle palette de musiciens.
Carlos Ward joue du sax alto, Ricky Ford du ténor, Charles Davis du baryton, Dick Griffin du trombone, le bassiste est Cecil McBee et le batteur Ben Riley, avec le leader au piano ils sont sept, du coup le piano est un peu plus discret qu’en d’autres circonstances, mais c’est bien Abdullah qui compose et arrange les orchestrations, hormis la troisième pièce « Ntylo, Ntylo » signée par Mackay Davashe.
L’album s’ouvre avec « Ekaya », qui signifie « maison » dans plusieurs dialectes Sud-Africain, c’est une pièce ancrée dans les rythmes locaux, sur lesquels les saxophonistes s’affairent pour tisser des soli de feu, c’est très enlevé et propice à la danse, une pièce très vive et agréable, en fait la seule de cette face à procurer une telle envie de bouger. Il est à noter que « Ekaya » deviendra le nom du groupe accompagnant Abdullah Ibrahim.
« Sotho Blue » est beaucoup plus lyrique, une belle pièce dédiée au peuple « Sotho », du Lesotho, toute en douceur. Le dernier titre de la face est joué sur le mode de la ballade, un hommage au « Ntylo », petit oiseau distilleur de chant d’amour.
Sur la seconde face Abdullah continue son parcours itinérant, cette fois-ci nous commençons dans le coin de « Phomolong », un quartier noir de Soweto, encore un titre mid-tempo qui balance doucement, ça s’énerve un peu plus à l’étape suivante où les rythmes s’affolent… doucement, nous voilà à « Windhoek », la capitale de la Namibie, avant de terminer ce voyage à « Cape Town », la ville natale d’Abdullah, le titre est plein de tendresse et de nostalgie, c’est ce que chante la flûte de Carlos Ward et le sax de Ricky Ford…
Chacune de ces étapes est prétexte à une succession de solos de la part des intervenants, le plus souvent sur des rythmes balancés qui donne une couleur assez chaude à cet album-voyageur, thème récurrent de la part d’Ibrahim qui aime faire chanter les lieux, les villes ou même les pays. L’importance des racines sans doute, tout en étalant un sentiment d’une certaine joie de vivre, en quête de paix…