« This plane is taking off », murmure Julia Holter au cœur des huit minutes de Boy in the Moon. Comme un écho au Music for Airports de Brian Eno ? Probable, surtout que ce morceau s’envole lentement dans l'ambient, la voix s’effaçant peu à peu dans les douces nappes de synthétiseurs. Mais il est difficile de réduire Ekstasis à un genre particulier. Bien sûr, au fil des chansons on reconnait Broadcast ici (Für Felix), Julianna Barwick là, et beaucoup d’expérimentations issues des années 70. Cotonneuse et électrique, la musique de Julia Holter adore l’école buissonnière. Tout est possible, comme le prouve par exemple Four Garden, déconstruit de partout et pourtant suspendu à une petite mélodie entêtante. Vocodeur, free jazz ou pop qui claudique, Ekstasis surprend et déconcerte. Le disque est de la trempe des œuvres tellement riches qu’il faut lui donner le temps de faire sa place. Atmosphère, atmosphère, oui, il a une gueule d’atmosphère. Sa sophistication et sa complexité en déconcerteront plus d’un, l’écouter d’une oreille distraite ne fera qu’effleurer la surface. Derrière le miroir, c’est toute une cité de cristal qui bruisse, tout un univers miniature qui s’étend.