Des vautours ou du silence, on ne savait plus bien lequel planait le plus lourdement. L'étouffante atmosphère rajoutait encore au lugubre de la scène et les 4 silhouettes qui se profilaient face au soleil ressemblaient à des épouvantails hallucinés.
<< Il vont tirer, dit, Joe ?
- Ta gueule ! Répondirent en cœur les 3 autres frères Dalton. >>
La cigarette de notre héros mourrait sur ses lèvres. Ca ne se passait pas comme ça d'habitude. D'habitude, un coup dans le colt adverse et hop ! Tout ce beau monde en prison. D'habitude, le cri des vautours ne sonnait pas aussi lugubre. D'habitude, le croque-mort ne préparait qu'un seul cercueil. Ca ne se passait pas comme ça d'habitude.
En face de Lucky Luke se dressait un homme, ou alors une idée, ou plutôt une mélodie. En fait, seul son pistolet attirait le regard, si bien qu'il était illusoire d'espérer regarder son porteur dans les yeux. D'ailleurs, il était « Wanted » mais aucun portrait robot n'était dressé. Cela aurait été inutile d'ailleurs, tant la légende de ce sombre pistolero était partout rapporté par les commerçants ambulants, vendeurs de peau de serpent ou de médecine miracle. Ce qu'aucun ne savait c'était que l'histoire pouvait se terminer ici, au coucher du soleil, en face du Saloon.
Des 2 côtés de la rue, des doigts se crispèrent.
Le moment fatidique était venu.
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Un homme, habillé de façon totalement anachronique, courait vers les lieux du drame à venir.
- Et si on faisait plutôt de la musique ? >>
Sidérés, Joe Dalton et ses frères reconnurent Ennio Morricone.
C'est un peu ça cet album. Un Far-West fantasmé et excessif, baroque dans son traitement et cinématographique dans son décor. Hanté les mythes et légendes de cette période si particulière des Etats Unis, le tristement méconnu groupe Slackeye Slim nous livre avec ce « El Santo Grial » ce qui est pour moi un des meilleurs albums de l'année 2011.
Opéra-rock a nul autre pareil, ce disque sonne comme la rencontre impromptu d'Ennio Morricone, de Tom Waits et de Queens of the Stone Age ; rencontre musicale à laquelle vient s'ajouter l'histoire délirante d'un pistolet merveilleux, en mission pour le seigneur. Cette histoire est l'occasion pour les musiciens de placer quelques pistes plus « atmosphériques » , qui font de cet album un véritable voyage au pays des cactus et des coups de soleil qui font mal. Très mal.
Si vous aimez « Once upon a time in America », vous aimerez cet album.
Si vous aimez les cow-boys, vous aimerez Slackeye Slim.
Si vous aimez la musique, vous aimerez particulièrement la bombe « Vengeance gonna be my name ».
PS : comme l'album dont il parle, cette critique est entièrement inspiré de faits réels. Si si.