Quentin Rollet, Jean-Marc Foussat, Christian Rollet – Entrée Des Puys De Grêle (2018)
Voici un album qu’il est bon, original, un peu indus, ambitieux, fin, subtil, une belle œuvre…
Bien sûr il y a un côté un peu froid, mais en même temps, ça bout dedans. Musique de paradoxe qui s’élève droite, à moins qu’en fait elle ne plonge et nous emmène dans un trou, creusé par la machine, pour accéder au fond de la mine. C’est sûr l’ambiance est plutôt noire, ou sombre du moins, on y entend même des chœurs qui évoquent la présence de fantômes, on en rit, mais juste un peu, pour se rassurer, car c’est sûr, les esprits rôdent.
Des bruits curieux et inquiétants surgissent alors que nous descendons dans ces charriots, qui foncent vers le fond, lors du périple, on entend crisser les bruits des machines, ça va tenir ?
Ils sont trois, le père, le fils et le fou. Le père c’est Christian Rollet, batteur et percussionniste, il officie habituellement dans le Workshop De Lyon formation dont les racines plongent jusqu’en mille neuf cent soixante-sept. Le fils c’est Quentin, aux saxophones alto et soprano, au synthé et il prête sa voix également, c’est lui qui a créé « Bijou Records » le label qui produit l’album.
Le fou, c’est Jean-Marc Foussat, créateur génial du label « Fou Records » qui distribue l’album, c’est également lui qui joue de ce Synthi AKS dont il est un des meilleurs connaisseurs au monde, il crée des univers à lui seul, fonde, sous ses doigts, une chorale où ils sont mille, des ambiances mystérieuses, étranges et même inquiétantes…
Trois pièces ici qui forment un voyage souterrain, bien que l’on nous indique une « Entrée Par La Fenêtre » dans ce long préambule de près de onze minutes où se crée cette ambiance si particulière, quelque part en Auvergne du côté des Puys… Les trois s’y connaissent pour créer un sentiment d’insécurité face à une immensité inconnue, froide et probablement hostile et inconfortable.
La seconde pièce constitue le cœur de l’œuvre « Au Fond Des Puys », une demi-heure d’un voyage sonore extraordinaire où la magie des sons opère à tous niveaux, chacun des trois ajoute sa pierre à l’édifice commun, où plutôt au gouffre collectif, c’est comme on veut. La volonté est exploratrice et ce voyage est unique et fabuleux, nous prenant par la main comme lorsque nous étions enfants, pour un peu se faire peur et surtout participer à ce voyage vers le profond, en nous-mêmes.
La dernière pièce est la plus courte, elle se présente comme une conclusion à ce périple, la magie des trois opère, le saxophone qui explore, les voix qui nous entourent et l’énergie des rythmes qui nous pousse ou nous englue, tout s’agite et accélère, comme dans un tourbillon, à moins qu’une issue se présente ?
Une œuvre unique, puissante et évocatrice…