Angles – Epileptical West (Live In Coimbra) – (2010)
Et voici « Angles », une formation Suédoise menée par Martin Küchen, le saxophoniste alto également compositeur de l’ensemble des pièces de l’album. L’enregistrement s’est déroulé live à Salão Brazil pendant le « Jazz ao Centro Festival » de Coimbra, fin mai deux mille neuf, au Portugal, là où se trouve ce beau label qu’est devenu Clean Feed, l’un des plus anciens petits labels indépendants, et des plus vivaces également.
Que de bons musiciens ici, on s’en doute car c’est l’évidence même. Mattias Ståhl joue du vibraphone, la couleur qu’il apporte est décisive dans le groupe, Magnus Broo joue de la trompette, Mats Äleklint du trombone, Johan Berthling est à la basse et Kjell Nordeson à la batterie. Nous sommes ici clairement dans un post-bop assumé, le traitement en concert live laisse la place aux longues improvisations, on s’étale et on prend le temps, c’est un peu le secret ici…
Les pièces s’étalent entre neuf et treize minutes, elles prennent le temps de mûrir de se gorger du miel que chacun apporte, petit à petit, avec ténacité, jusqu’à la maturité et l’explosion finale. Bien souvent nous sommes soumis à l’attente, à la lente évolution, ou encore au tourbillon qui s’affole, ou bien à la brisure rythmique qui relance vers une autre direction, avant que tout ne reparte, car, au final, on n’échappe jamais à son sort…
Ici la musique est expressive, elle porte des visages et des caractères, parfois elle geint, s’emballe, devient exubérante, s’enrichit des apports successifs et réguliers, qui vont et viennent, et reviennent encore, risquant même une bouffée de free jazz sauvage et débridée, quelques secondes seulement, histoire de lâcher le fil et d’aussitôt le ressaisir.
Difficile de parler des musiciens, ils sont tous bons, le bassiste est un faux lent, c’est un extraordinaire métronome, il épate dans son genre, le vibraphoniste ajoute sa couleur avec un talent énorme, et toujours au bon moment, les solistes à la trompette, au sax et au trombone jouent avec une parfaite maîtrise de l’intensité et sont passés maîtres également dans l’art de la tension.
Un très bel album, vraiment.