Le grand incompris

Cet album, c'est certes le tube de l'été 1999, avec l'ambiance bon enfant de Tombez la Chemise. Et il n'y a qu'à voir la note de ladite chanson pour se rendre compte que les SensCritiquiens s'en souviennent. Mais c'est bien plus.

Zebda, c'est le symbole de la "covivencia" toulousaine. Je suppose que, tout comme le correcteur orthographique de Firefox, vous n'avez aucune idée de ce que ça veut dire, hein ? La covivencia, c'est tout un concept, ça veut dire "vivre ensemble", mais pas seulement, ça veut dire le respect mutuel, la solidarité, l'acceptation des autres tels qu'ils sont.

Zebda, c'est tout ça. C'est un mélange culturel unique, entre les origines des musiciens et surtout entre les influences de musique : rock, punk, rap, reggae, et autres... Le tout parfaitement maîtrisé. Maintenant, qu'on ose me dire que le groupe se résume à Tombez la Chemise ! D'ailleurs pour la petite histoire c'est le succès de Tombez la chemise qui a conduit à la dissolution du groupe pendant quelques années, Magyd Cherfi le leader du groupe refusant d'assumer dans cette direction populiste et peu chargée politiquement.

L'album est une mine d'or : Tombé des Nues qui parle de l'immigration maghrébine, Quinze ans et Oualalaradime, révoltes adolescentes contre cette société inhospitalière, Tout semble si sur la montée du FN, Né dans la Rue sur les Roms, Le Manouche et Y a pas d'arrangement plus légères...

Et surtout cet hymne de la lutte contre le racisme, Je crois que ça va pas Être Possible. Ces paroles sont juste implacables. Je pense qu'on devrait imposer son écoute commentée dans les écoles et collèges, tellement c'est clair comme de l'eau de roche. Ça serait au moins plus productif que des rédactions sur l'histoire de l'immigration pour lutter contre la haine raciale.

À la lumière des significations chargées de cet album, Tombez la chemise s'éclaire d'un jour nouveau (OMG la métaphore filée ! Je m'aime ! .) : c'est tout simplement une chanson de la tolérance, de la fête avec ses voisins quels qu'ils soient... Le message est dilué mais présent, encore faut-il écouter l'album en entier pour l'entendre.

Cet album, tout simplement, c'est Toulouse, que chantait déjà Nougaro. C'est une ville aux multiples facettes, que l'immigration enrichit à chaque génération. C'est elle que l'on redécouvre à chaque écoute de ce disque, bien mieux qu'en se baladant place du Capitole. Cet album, il parle de moi, de ma ville, de la France.