L'été est là, et si ces dernières semaines il s'est fait un peu sage et capricieux, il s'est bien déclaré ces jours-ci. En prévisions des vacances, il vous faut un disque torride pour pouvoir twister comme un diable sur le sable chaud aux côtés de délicieux corps tannés et quasi-dénudés. A ce jeu là, cette année encore la compétition sera rude, un candidat idéal semblant être le dernier album de Metronomy. Il risque pourtant bien d'être bousculé par un délicieux outsider : Everything Is Dancing de Fair Ohs. En un peu plus de deux ans, le groupe s'est imposé comme le rayon de soleil des clubs londoniens avec une série de singles et de cassettes (les joies du Do It Yourself) évoluant entre punk tropicaliste et une pop débridée d'influences africaines.
Ne voyez surtout pas en Fair Ohs un clone anglais de Vampire Weekend ou d'Abe Vigoda (avant qu'ils ne tournent mal), car s'ils partagent clairement un certain nombres d'obsessions, en particulier les guitares en ligne claire pétillantes (ces rayons UV qui vous grillent la peau) et les rythmes chaloupés (les pieds nus rebondissant sur la plage chauffée), ils s'en démarquent par biens des aspects : moins bien élevés que les premiers et moins débraillés que les second et surtout moins caribéens. Car, outre la douceur de la Riviera, c'est bien du côté de la musique d'Afrique de l'ouest (notamment Kamba sur Almost Island) qu'il faut chercher les influences de Fair Ohs.
Il est amusant de constater que l'un des disques les plus joyeux et enjoué de l'année sort des instruments d'un groupe formé dans le milieu hardcore londonien. Cette origine ne transparait plus que dans quelques rares moments (Katasraj) et dans ses lignes de basses toujours vigoureuses. Il suffirait d'écouter leur première cassette (Our Days On The Pacific Rim, chez Suplex en 2009) pour réaliser le chemin parcouru depuis leurs débuts. Fair Ohs ont mis du soleil dans leur punk.
Comme attendu, cet album est d'une redoutable efficacité, rempli de tubes pour faire danser les minettes (et minets !). Nous en connaissions déjà certains (Eden Rock, Summer Lake, Almost Island), mais nous pouvons ajouter à la liste Everything Is Dancing et son incroyable riff en arpège mi-psych mi-oriental et l'ouverture Baldessari pour se mettre immédiatement dans l'ambiance. De plus, ignorer le reste de l'album serait une belle erreur, car il contient quelques trésors enfouis par des pirates, moins immédiats mais tout aussi excitants, tels Colours et plus particulièrement Yah, dont la construction inhabituelle ouvre bien des portes et des pistes peu explorées par le groupe jusqu'à maintenant.
Everything Is Dancing serait-il le disque de l'été ? Il risque quoiqu'il en soit de s'installer pour longtemps sur la platine. Ainsi, sachez être malin, confectionnez-vous une petite cassette, embarquez votre ghetto blaster sur la plage et improvisez des soirées avec vos amis, ce sera sûrement l'occasion de montrer vos talents de danseur et d'entamer une ou plusieurs amourettes sans lendemain. Fair Ohs sera votre entremetteur estival !
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