En 2016, c’est une nouvelle page qui se tourne pour les polonais de Riverside. En février de cette année, peu après avoir entamé la composition de leur nouvel album, la formation annonce le triste décès de son guitariste emblématique : Piotr Grudziński. Le groupe est désormais un trio, et le restera si l’on en croit ses membres. Et en attendant d’écouter ce que donnera ce nouveau Riverside, les polonais nous livrent Eye of the Soundscape, évidemment dédié à leur ami, et présenté comme un album complémentaire à leurs précédentes releases.
De l’aveu de Mariusz Duda, Eye of the Sounscape était un projet qui enthousiasmait énormément Piotr G. L’objectif : rassembler tout le matériel musical que le groupe a pu accumuler ces dernières années, entre 2007 et 2016. Soyez prévenus, EotS est différent à bien des égards de ce à quoi Riverside nous a habitués, composé de la manière suivante :
• 4 morceaux inédits :
Where The River Flows, Shine, Sleepwalkers et Eye Of The Soundscape
• les morceaux bonus issus des versions collector des deux précédents albums :
Heavenland, Return, Aether, Machines, Promise et Night Session Part. 1 et Part. 2
• 2 morceaux remixés et originellement présents sur Schizophrenic Prayer :
Rapid Eye Movement et Rainbow Trip
Pas énormément de nouveautés si on regarde bien. Pour autant, Riverside nous présente là une « compilation » de morceaux relativement peu connus du public, et avec elle, une nouvelle facette de leur musique. En effet, EotS, c’est 102 minutes de musique atmosphérique purement instrumentale au style ambient et électronique, avec quelques accents prog’, mais assez éloigné de l’aspect rock qu’on leur connait (ne parlons pas du metal définitivement absent de cette production).
Finalement, la galette porte plutôt bien son nom puisqu’elle nous propose de véritables paysages sonores qui viennent nous bercer. C’est un fait plutôt rare dans le milieu du prog’, souvent exigeant en matière d’écoute, mais EotS est un album d’ambiance que l’on se passera pour avoir un fond sonore rythmé mais non moins relaxant. Les sonorités lorgnent pas mal du côté electro pour développer des ambiances évoquant la science-fiction, avec un brin de nostalgie. Ici, on laisse volontairement de côté l’aspect un peu cérébral du prog’ pour se focaliser sur une musique plus humble qui ne cherche qu’à toucher son auditeur par le jeu des instruments.
Les pistes suivent un schéma relativement simple, constituées d’un thème, une mélodie, qui se développe à mesure que les couches instrumentales viennent se greffer par-dessus. On y trouve quelques éléments intéressants, j’ai personnellement retenu la voix très pure de Mariusz Duda parfois utilisée comme instrument additionnel, le saxophone de Night Session ou encore la respiration utilisée comme élément rythmique dans Rapid Eye Movement. Pour le reste, EotS est un album qui passe agréablement, mais dont les pistes ne sont pas véritablement marquantes non plus, Where the River Flows étant celle à laquelle j’ai le plus accroché.
Pour conclure, EotS risque de diviser un peu. Disons que c’est un album plutôt bon à condition d’aimer le genre. N’espérez pas y trouver le Riverside des dernières années. Les plus gros adeptes du groupe savent déjà à quoi s’attendre s’ils ont écouté les pistes bonus des précédents albums. Pour les autres, abordez-le comme quelque chose de nouveau, hautement atmosphérique, et à forte tendance électro. Une parenthèse qui n’est pas sans rappeler le Endless River de Pink Floyd, hommage à un membre regretté dont on entendra la guitare pour la dernière fois. À ceci près que pour Riverside, Eye of the Soundscape ne signe pas la fin d’une aventure mais le début d’une nouvelle, du moins on l’espère.