Chronique du second album de Poppy Ackroyd, Feathers. Un magnifique voyage aérien dans le neo classi
Poppy Ackroyd est une auteur compositrice anglaise qui est habituée à jouer du violon et du piano depuis son plus jeune âge. Elle travaille essentiellement avec la télévision, le cinéma et d'autres médias afin de leur fournir des bandes sons et autres arrangements. Escapement, son premier album solo date de 2012 chez Denovali Records à très fortement impressionné grâce à sa simplicité et sa délicatesse. Basé uniquement sur des arrangements de cordes, un piano et un violon, il a fait découvrir cette artiste un peu partout et bien au delà du simple cercle d'initiés. C'est donc naturellement que l'on voit débarquer en novembre 2014 son second album, Feathers qui se verra accompagné par une tournée live au cours de l'année 2015 en Europe.
Bien qu'amatrice de musique classique, elle ne renie pas une certaine attirance vers l'électronique même si on ne peut vraiment dire que cela se ressente trop sur cet album. Il en ressort pourtant une certaine liberté dans l'utilisation des instruments dits classiques comme le piano par exemple, on remarquera également que son grand piano fait la grande majorité du travail sur l'album, il est utilisé pour la rythmique et les mélodies. Contrairement à son album précédent, Poppy Ackroyd a rajouté beaucoup de cordes à son arc, on retrouve du violoncelle, du clavecin et de l'harmonium. Le résultat est sans pareil, les titres sont variés et sublimes, pour peu que l'on ait acheté l'édition CD on découvre une multitude de détails qui ne sautent pas immédiatement aux oreilles et qui montrent toute l'attention de Poppy Ackroyd à l'enregistrement de ce Feathers.
Si la thématique de l'album est complexe, Poppy Ackroyd a indiqué que Feathers était basé sur un texte de Emily Dickinson, Hope is the thing with feathers. On peut faire le rapprochement entre la délicatesse de sa musique et les titres de l'album, plusieurs thèmes semblent abordés comme le temps qui passe, l'amour, le voyage et l'espoir. Les titres sont tous variés et volontairement aérés. Le temps passe paisiblement sans que l'on ressente d'ennui ou même de sentiments exacerbés par un trop forte utilisation de cordes ou un volonté de faire dans le grandiloquent. Les textures sonores sont limpides et délicates, les arrangements léchés et toujours à propos. Il n'y aucune fausse note sur la production ou sur le mixage même si on peut entendre quelques imperfections ici et là comme explicité plus haut dans la critique.
Difficile de faire sortir du lot certains titres car l'album est sublime de bout en bout mais on notera tout particulièrement la grâce et l'intensité d'un titre comme Feathers ainsi que la rythmique étonnante et détonante de Roads et de Taskin'. L'album n'est pas fondamentalement très long mais ce n'est pas vraiment un problème car Escapement ne faisait pas non plus dans la durée car Poppy Ackroyd sait aller à l'essentiel dans ses compositions.
Alors oui si on n'aime pas fondamentalement le classique, on risque de s'ennuyer ferme et de cataloguer cet album comme musique de chambre ou tout simplement de vieux mais ce serait occulter toute la force de ce Feathers à savoir sa fluidité et une douceur indicible que l'on ne commence à cerner qu'après quelques écoutes avec un bon casque ou de bonnes enceintes stéréo sans equalizer à la noix. A titre personnel, c'est un des meilleurs albums de l'année mais je suis un fanboy de Poppy Ackroyd donc forcément mon avis est orienté. Objectivement, ce Feathers est une merveille d'album qu'il faut écouter au calme ou au travail pour peu que l'on soit pas dans un open space bruyant.