On avait honteusement manqué la sortie fin février du nouvel EP de Fowatile, Foenix. Après des dates étincelantes et une rotation d’effectif, le live band électronique revient avec un projet détonnant. Mise au point.
Autant parfois, les noms d’albums sont ténébreux, cryptés et doivent être décodés avec toute la malice (et l’ennui inhérent d’un auteur surestimé) de Robert Langdon, autant ici, le Foenix de Fowatile semble clair et limpide. Avec Foenix, les Lyonnais effectuent un retour flamboyant, cette fois sans leur MC historique Elby Dillinger mais avec Mattic, habitué aux scènes européennes pour avoir collabhypeoré avec Wax Tailor ou La Fine Équipe.
Que les fans se rassurent. Fowatile n’a rien perdu de son charme, ni leurs explorations musicales de leur saveur. Au contraire. Ce Foenix, ils l’ont taillé à la fois pour la prestation live et l’écoute au casque, dans un équilibre rare. Pas de jaloux. A en croire le buzz autour de l’album, le groupe aurait opté en ce début d’année pour le funk, sous toutes ses formes, toutes ses époques et toutes les lettres qui peuvent le précéder.
De par ce classement qui n’en est finalement pas un, Foenix est libre de voguer entre dans le temps et l’espace comme bon lui sied, et de rétablir quelques alliances qui semblaient s’être perdues avec le temps.
Electronic Hip Hop
Il y a ici un amour indéniable des croisements, notamment celui particulièrement jouissif entre les mondes du Hip Hop et des musiques et sonorités électroniques, marque de fabrique du groupe. Jadis indissociables, l’un ayant donné naissance à l’autre dans l’ordre selon lequel votre religion vous l’ordonne, les deux mouvements ont chacun pris une route différente jusqu’à, au mieux s’ignorer, au pire se haïr. Heureusement, une poignée d’irréductibles s’attachent avec une hargne féroce à démontrer que l’amour trouve son bonheur sur tous les visages, tous les esprits et toutes les formes d’ondes.
Ce mélange, si on le trouve dans l’intégralité de l’EP Foenix, se cristallise particulièrement dans le morceau d’ouverture, « Upload Me ». On ne saurait mieux rêver de ce mélange des genres explosif. Tout le talent des producteurs est réuni en un seul et même track. Le résultat, pour ceux qui se demanderaient avant d’écouter ? Un peu comme si Daft Punk avait demandé à Kaytranada de les aider à faire un hommage à J Dilla. Un pur bonheur que prolonge « Full Moon », davantage tourné dans une énergie Hip Hop tournée West Coast, évidemment, plus facile d’écoute mais non moins excellent.
Derrière, les autres morceaux de l’EP, « Under The Stars » et « Nobody Knew », égaux en qualité, jouent eux aussi la carte du flou artistique, se faisant un malin plaisir d’éviter le confinement de catalogue ou toute autre forme de réduction genrée en mettant de l’énergie Hip Hop dans les nappes électroniques ou inversement, suivant le confort que croit prendre l’auditeur. Pas étonnant que « Klackson 5 » se termine par la mention d’un « Electronic Hip Hop » qui servira davantage de définition artistique plutôt que commerciale.
A travers cette courte renaissance de 5 titres et un peu moins de 20 minutes, Fowatile se permet le luxe de balancer leur philosophie en peu de mots, mais en un maximum d'effet. La marque des grands. De par la bouffée d'air provoquée par Foenix et la réconciliation de genres que le groupe propose, on ne saurait que trop conseiller un EP qui a été reçu avec les honneurs à L.A., le lieu de ses inspirations. Classe.
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