Touche pas à mon despote !
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le 3 mars 2016
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Regarde qui arrive au loin. Ne me dis pas que tu le vois pas débouler ce joli petit cul ?!
Ce petit cul doré comme un croissant au beurre et rond comme un ballon de Basket qui débarque sans crier gare au beau milieu de ton champ de vision.
Tu le reconnais oui ou merde ?
Eh ouais mon pote ! Ce joli petit joufflu qui te fait de l'oeil depuis quelques temps et qui te semble familier: C'est l'été, mon ami !
Et tu connais l'effet de la chaleur estivale sur les oreilles ensablées et le slip moite de l'autre con de Ze Big Machin ?
C'est une putain d'envie de Brésil, mon con. Ce putain de Brésil qui vient taper aux carreaux de tes fenêtres et qui vient sécher les dernières gouttes de pluie qui ruissellent encore le long de ton échine glacée. C'est le soleil Brésilien qui vient caresser ton corps fatigué par un hiver toujours trop long. C'est encore lui qui redonne à ton teint blafard le lustre cuivré dont il ne devrait jamais se départir.
C'est donc ce Brésil et sa musique érotisante, ce mojo tropical plein de sueur et de testostérone qui réveille avec cette douce odeur de cachaça mon corps flasque trop longtemps avachi sur ce canapé maudit. La hausse des températures dans mon cher pays Occitan correspond étrangement à l'éveil brutal de l'Adonis Carioca hibernant gentiment durant tout l'hiver au fond de moi.
Des soubresauts frénétiques s'emparant de mon corps dès que la première cigale gratte son bidon et s'amuse à nous balancer son crin-crin endiablé. C'est le Brésil qui vient chatouiller mes narines avec ses odeurs végétales puissantes et capiteuses, des effluves alcoolisées mêlées à des parfums subtils d'iodes océaniques. Une sorte d'avant-goût d'un bonheur accompli: Des odeurs envoutantes, une chaleur enveloppante, une végétation luxuriante, il ne manque que l'orgasme auditif pour venir mettre un point final à cette plénitude sensorielle.
Et au niveau de l'orgasme auditif je connais un de ces Brésiliens qui sait te les refiler à répétition. Un genre de Rocco Siffredi à coupe Afro qui aurait échangé son organe turgescent contre un Pandeiro bruissant ou une Cavaquinho pleine d'accords sensuels: Le prolifique Jorge Ben Jor.
En 1970, Jorge Ben n'est déjà plus un lapin de six semaines. Il a sorti 6 albums, connu le succès au Brésil et à l'international - Avec Sergio Mendes notamment qui reprendra et exportera aux États-Unis les petits bijoux de Ben que sont Mas que nada et Por causa de você - et vendu des milliers de disques dans son pays.
Mais la junte militaire qui prendra le pouvoir en 1964 mettra un coup de frein à la carrière du Carioca en promouvant une variété insipide (Jovem Guarda) à la botte des généraux.
D'un côté les engagés contre un pouvoir militaire violent et autocratique ( Caetano Veloso, Chico Buarque ou Gilberto Gil par exemple), de l'autre une Jovem Guarda triste à pleurer, muselée et formée à coups de schlague et au milieu Jorge Ben. Trop libre, trop indépendant et farouchement non-politisé, Ben erre dans ce paysage musical Brésilien sans trouver sa voie par refus de choisir un camp.
Il suffira d'une émission de télévision en 1968 - avec Caetano Veloso et Gilberto Gil - pour relancer sa carrière et l'impliquer de force chez les rebelles en en faisant une des têtes de proue du mouvement Tropicaliste. Un an après il sortira son manifeste coloré du Tropicalisme avec le bien nommé: Jorge Ben et reviendra sur le devant de la scène.
C'est un Ben Jor renaissant qui s'attaque à l'enregistrement de son 7 ème album: Força bruta.
Pour l'occasion, il va s'adjoindre les services du Trio Mocotó - groupe brésilien formé en 1968 dans la discothèque Jogral à São Paulo - avec lesquels, il va expérimenter, créer et développer ce qu'il conviendra d'appeler la Samba Rock. Mais ce n'est pas cette Samba ouverte au monde, cet accouplement inédit des racines de la MPB traditionnelle noire comme l'ébène avec un Rock de mâcheur de chewing-gum, une Pop Music marinée dans l'eau de la Tamise et blanche comme un cul, dont il est question sur cet album.
Ben délaisse avec Força bruta sa marmite de sorcier Carioca, délaisse sa Samba expérimentale, son grimoire de recettes ésotériques pour revenir aux sources de cette MPB classique qu'il avait un peu délaissée depuis la grande vague Tropicaliste qui submergea la musique Brésilienne à la fin des années 60.
Jorge Ben semble s'apaiser sur cet opus. Il abandonne Jazz, Rock, psychédélisme et autres influences qui avaient cours sur le précédent album et rend l'hommage nu, dépouillé à la musique de son pays. Il ôte les oripeaux trop occidentaux du Tropicalisme et offre sa Samba pure et dénudée aux oreilles des gourmets. Sûr de ses mélodies Ben Jor ne branche pas les instruments et jette sans fard, sans maquillage, sans outrance quelques bijoux acoustiques prouvant sous une fausse simplicité son génie de compositeur.
Força bruta est la respiration acoustique, le retour à la source intarissable de la MPB.
Un regard dans le rétroviseur avant que la décennie des années 70 emportent Ben Jor sous des cieux électriques, sur les voies ésotériques et anarchiques d'une "Samba progressive" - A tábua de esmeralda (1972) et Le grandiose África Brasil (1976) notamment- pleine d'expérimentations musicales et de rythmes inédits.
Une force brute naturelle surgissant de la simplicité acoustique et de la pureté musicale, comme le diamant brut surgit de la roche noire..
ou
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste ♪♫...ZBN 2 . La bafouille Pop-Rock !...♫♪.............et Punk !..et Blues !..et Métal !..et Rap !..et Bossa !
Créée
le 6 juin 2017
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