Synthé à Saint-É. Étrangement sorti de l'oubli, ce groupe recèle de curiosités synth-wave, comme un témoignage du foisonnement musical historique à Saint-Etienne. Il y a des villes comme ça qui sont marquées par une musique sur une période. Moi, par exemple, je suis né à Rouen. Hé bien Rouen, c'est la musique punk qui y était remarquable, avec Suicide, Gogol Premier. Y'avait Little Bob au Havre. D'ailleurs y'a toujours Little Bob au Havre. Cha cha Guitri me donne vraiment l'impression d'une extraction rare d'un vestige normalement promis à l'oubli.
On y trouve un style à la Elli & Jacno. Mais on trouve aussi une influence Kraftwerk. Et puis des thèmes curieux, des titres curieux, des filles qui minaudent et des garçons las. Des chants faux et des voix jeunes à peine muées. Tout cela est aussi très rigolo car, si on y pense bien, la wave est sorti de la cuisse du punk, d'un punk qui, las de s'énerver, est devenu mou et sarcastique, comme si la causticité avait remplacé la révolte physique. Et dans cette évolution, somme toute assez molle, on retrouve logiquement une petite bourgeoisie blanche, toute aussi existentiellement lasse, avec ces petites problématiques, bien loin des heurts sociaux.
Voilà pour l'ambiance. Voilà pour mon ricanement impavide. Et mes oreilles qui s'étonnent... Parce que, pour les amateurs du genre synth, c'est une très belle pièce graphique et sonore.