J’ai découvert Geezer l’an dernier comme un OVNI sur les radars, avec leur digital single « Long Dull Knife ». Le genre de découverte que tu fais au détour d’une conversation à la manière d’un «Fume, c’est de la bonne». Le sentiment d’avoir découvert le next big thing qui n’attend que son heure pour exploser au grand public. Alors tenons-nous l’album de la révélation ?
Pas si évident que cela à l’écoute de leur single et premier titre de la galette éponyme, « Sunday Speed Demon », sorte de boogie hillbilly qui tombe à plat. Left Lane Cruiser est bien plus légitime sur ce territoire.
Comme entrée en matière on a vu mieux. C’est d’autant plus déroutant que ce n’est pas le son que l’on s’attend à entendre de notre trio, ni même celui qui pourrait annoncer la véritable couleur de l’album.
Mais rassurez vous, « One Leg Up » remet les choses à leur place. Sur une rythmique hypnotique martelée par Chris Turco, Geezer déroule un tube en puissance à l’énergie tant sexuelle qu’enivrante où les giclées de guitares et les râles de Pat Harrington à la fin du titre flirtent avec l’extase. Le titre que l’on voudrait à nouveau entendre de la part de Monster Magnet.
Ca y est, le Vaisseau Geezer est lancé. Les titres suivants, « Sun Gods » et « Bi-Polar Vortex », vous placent en orbite. Le voyage onirique et psyché de ces jams space rock se compose d’accalmies entre lesquelles l’astronef Geezer capte les transmissions perdues dans le vide spatial pour les amalgamer en oraison magique à l’astre lunaire, omniprésent sur la pochette de leur album. Le groupe y prouve là toute sa virtuosité en compilant des riffs tout droit sortis des 70’s, entre magie et torpeur. Sur « Dust », toujours aussi aérienne, Harrington continue son envoûtement en faisant lamenter guitares et chants dans une mélancolie tirant presque une larme à l’astronaute auditeur.
Retour sur terre avec « Hangnail Crisis », où le groupe confirme son excellent songwriting. Un classique stoner blues, définissant parfaitement le son de Geezer : rugueux et viscéral.
Le trio new yorkais se lâche complètement sur « Superjam Maximus », sophistication stoner au groove imparable vous invitant à la défonce et au final en apothéose à vous griller les neurones. Comme une antithèse au titre précédent, « Stoney Poney », primitive, sale et visqueuse, clôture l’album, mais en déployant la même énergie brute et primaire : l’électricité. Celle qui larde vos enceintes, qui vous chatouille la colonne vertébrale et vous rend vivant. Le rock, quoi.
On pardonnera la faute de goût en entrée et sur laquelle on ne devra vraiment pas s’attarder tant cet album éponyme de Geezer confirme l’aisance du groupe dans des jams (pas si improvisés que cela) que dans des compositions élaborées. La virtuosité du trio et la puissance suggestive de ses titres en font un groupe à surveiller en 2017. On tient là en effet le blues du 21ème siècle. Celui que l’on jouera dans les honky tonk du futur. Mais sur Mars. Ou plus loin encore. Pour l’heure, il y a fort à parier que vous les croiserez dans la Valley cet été.
http://theheavychronicles.com/2016/11/geezer-ripple-music-2016/