Alexander von Schlippenbach – Globe Unity (1967)


Cet album a été enregistré les six et sept décembre mille neuf cent soixante-six à l’Ariola Studio de Cologne. Sans risque de se tromper on peut le qualifier d’historique. Tout d’abord pour la musique qui est jouée, par un collectif d’improvisateurs free. Mais également pour la première présence phonographique de Peter Brötzmann et de Peter Kowald.


On pourrait également citer la réunion de deux batteurs qui feront un bout de chemin vers une autre musique, tout aussi passionnante, Mani Neumeier de Guru Guru et Jaki Liebezeit du futur groupe Can. Mais il faudrait également citer Manfred Schoof, Willem Breuker, Gunter Hampel, Buschi Niebergall et d’autres encore, ils sont quatorze réunis aux côtés d’Alexandre von Schlippenbach, ce dernier conduit la musique, joue également du piano et des percussions.


La première face est occupée par « Globe Unity » une plage d’un peu plus de vingt minutes, c’est un monument du free jazz, incontestablement, il y a une structure, un ordre qui s’impose d’évidence, pourtant la marmite free est impressionnante, puissante, énorme et dévorante, elle surgit et avale tout.


Pendant les intervalles les solistes jaillissent avec une foi énorme, sur ce fond chaotique et instable, ils se succèdent et déballent leurs arguments, striant l’espace et fendant la masse, ils sont victorieux et impérieux le temps de quelques mesures. La structure imaginée par Von Schlippenbach est gagnante et s’impose avec brio, la succession des solistes, Brötzmann, Schoof ou Von Schlippenbach sert à merveille ce pur joyau qu’est cette première face, un chef d’œuvre du free, très certainement.


La seconde pièce, « Sun » possède une durée équivalente, mais la structure est très différente, une fois de plus les silences s’invitent et ponctuent le chaos ordonné de cette suite qu’il convient, me semble-t-il d’apprécier couché, allez savoir pourquoi, la position s’impose à moi…


Pour autant, vous ne vous endormirez sans doute pas facilement car les intensités sonores sont extrêmement variables, et souvent surprenantes. Les instruments joués épousent également un très vaste champ, la lecture sur la pochette est très révélatrice de cette diversité, par ailleurs les percussions sont très à la fête ici.


On retiendra que c’est probablement le premier big band de free jazz européen que l’on puisse entendre, sauf erreur de ma part… Ce qui est sûr c’est que l’album est culte et qu’il fait partie de cette liste que les amateurs de musique improvisée doivent avoir probablement écoutée.

xeres
10
Écrit par

Créée

le 11 août 2023

Critique lue 54 fois

2 j'aime

xeres

Écrit par

Critique lue 54 fois

2

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

25 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

23 j'aime

7