Pharoah Sanders – Heart Is A Melody (1983)
« Heart Is A Melody » est enregistré en live au « Keystone Korner de San Francisco » le vingt-trois janvier quatre-vingt-deux. Comme l’indique l’annonceur lors des présentations, Pharoah est au ténor, accompagné par Idris Muhammad à la batterie, William Henderson au piano et John Heard à la basse.
L’entièreté de la première face est occupée par une excellente version du titre de John Coltrane « Olé », ça dure plus de vingt et une minutes et c’est tout simplement mémorable, rien que pour cette première face vous pouvez vous procurer cet album les yeux fermés, si vous êtes amateur des œuvres du pharaon. Me revient aussitôt en mémoire cette autre version délivrée par Noah Howard sur l’album « Live In Europe - Vol. 1 », plus courte mais tout aussi mémorable.
On s’attache en premier à la partie de Pharoah, c’est lui qui apporte cette majoration remarquable qui rend la prestation unique, intense et passionnée, particulièrement par ce « « growl » qui fait ce timbre inimitable, jusque dans le « cri » cet espace à lui qu’il investit à chaque fois en s’adressant directement aux tripes. Il est admirablement servi par les autres membres du quartet, on pense à Idris, une star lui aussi, mais également au pianiste, William Henderson, qui fait le boulot en se référant au McCoy Tyner d’alors, vif, brillant et érudit, même s’il mise plus sur sa main droite.
Maintenant qu’il est acquis que celui-ci ne saurait échapper à l’amateur-fureteur des meilleurs Pharoah, on peut s’intéresser à la face B, même si par avance on se doute qu’il va falloir redescendre… Ça s’ouvre avec une pièce de Tadd Dameron, période bop donc, ici avec des références plutôt bluesy, « On A Misty Night » que Pharoah va arranger à sa manière, en respectant le thème et la structure, mais en l’arrachant un peu, histoire d’y laisser sa marque, William Henderson s’y étale avec aisance et longueur, l’air est plutôt romantique, alors il y va, accompagné par la basse chantante de de John Heard.
Vient ensuite « Heart Is A Melody Of Time (Hiroko's Song) », c’est plutôt bien foutu dans un registre situé entre plainte et prière, ça évoque un peu un « remake » de « The Creator Has a Masterplan », des chœurs se font entendre à l’arrière, évoquant un négro spiritual, c’est bien ce qui nous attend ici…
La dernière pièce « Goin’ to Africa (Highlife) » fait référence à la musique d’Afrique de l’Ouest, on se souvient de l’album précédent, « Rejoice » où une grande place avait été gardée pour ces musiques. On est conforté dans l’idée que la seconde face ne vaut pas la première et qu’elle se montre plus anecdotique, mais l’album penche tout de même du bon côté !