Hors-Série (EP)
6.6
Hors-Série (EP)

EP de Nemir (2018)

Tout comme Kamikaze d’Eminem avait eu pour seul mérite de me rappeler à quel point Licensed to Ill des Beastie Boys était un album intemporel, Hors-Série de Nemir n’aura servi qu’à me rappeler au bon souvenir de son projet précédent, Ailleurs. Sorti en 2012, le disque du rappeur perpignanais avait apporté une bouffée d’air frais dans le paysage du rap francophone avec un flow saccadé tranchant, des productions qui mélangeaient astucieusement le funk et le rap entre claviers planants et cuivres groovy, le tout saupoudré de gimmicks hyper dynamiques et de feats de qualité.


Mais après une absence longue de plusieurs années, le rappeur a préféré troquer son flow atypique pour une autotune sans âme. Loin de moi l’idée d’accuser l’autotune de tous les maux, d’autres artistes ont montré maintes fois qu’elle pouvait s’avérer être un choix musical judicieux (j’aime Vald et PNL, ce serait se foutre de l’hôpital, de la charité et du cul de la crémière que de rejeter la faute sur l’autotune, bordel). Ce n’est simplement pas le cas de Nemir sur cet EP.


Dès les premiers morceaux, on se retrouve à serrer les dents et à suer de malaise devant pareil spectacle auditif, qui semble tout droit sorti des recoins les plus sombres d’une chicha de Pont de Sèvres. Les aigus caractéristiques de la nouvelle orientation vocale du rappeur sont au mieux tout juste écoutables, au pire franchement insupportables, et les productions désespérément simples et creuses. Seuls les quelques guests comme Deen Burbigo sur Sablier ou PLK sur Zion parviennent à redresser un tant soit peu la barre d’un projet musical à la dérive. C’est d’autant plus dommage que les deux morceaux Ça sert et Des heures sortis quelques mois avant cet EP, sans être exceptionnels, n’étaient pas annonciateurs d’un pareil fiasco.


Une histoire de goûts, comme partout ailleurs dans le domaine des arts, la dureté de mes mots étant ici à la hauteur de mon immense déception. Tant mieux si Nemir se renouvelle et trouve un nouveau public dans une scène qui s’est elle aussi métamorphosée depuis 2012, mais au regret de passer pour un enfoiré de puriste, je clame haut et fort à qui voudra l’entendre: Nemir, c’était mieux avant.



  • En quelques mots : Du rap de chicha estampillé Leader Price

  • Coup de cœur : RAS

  • Coup de mou : Sablier

  • Coups de pute : Stress, Saiyan, Zion

  • Note finale : 2+

JLTBB
2
Écrit par

Créée

le 21 oct. 2018

Critique lue 220 fois

JLTBB

Écrit par

Critique lue 220 fois

Du même critique

Aller-retour
JLTBB
4

Rosé pamplemousse en soirée rooftop

Vendredi 6 juillet 2015, 18h32, Paris XVIème. Jean-Kévin finit d’ajuster sa ceinture tressée autour de son chino pourpre. Une forte odeur de musc imprègne sa chemise en lin blanche, comme pour mieux...

le 15 juil. 2019

26 j'aime

2

Sex in the City
JLTBB
3

Avant, j'aimais bien Lorenzo. Puis j'ai eu 13 ans.

Ce mec, c'est comme ton pote qui te tape sur l'épaule opposée pour te faire retourner dans la mauvaise direction. Ou qui te répète pour la quinzième fois la blague du nain qui prend la tête. Ou qui...

le 28 août 2019

17 j'aime

Music to Be Murdered By
JLTBB
3

Le petit Slim Shady a été retrouvé, il attend ses parents en caisse 18…

Eminem nous fait une Benjamin Button : à 47 ans révolus, le rappeur de Detroit n’a jamais semblé aussi proche de sa crise d’adolescence. Il gesticule, s’énerve, semble en vouloir au monde entier dès...

le 18 janv. 2020

15 j'aime

7