I
7.1
I

Album de Extreme Precautions (2014)

La poésie dans une marre de sang

Surprise ! Paul Régimbeau alias Mondkopf fait sa mue et devient en l’espace d’un disque Extreme Precautions. Après le superbe Hadès sorti, plus tôt dans l’année, Paul change de blase pour délivrer une musique plus dure et plus sèche. Hybride entre le métal, la techno et l’indus, ce premier opus à de quoi décontenancer les auditeurs les plus ardus. Pourtant, Extreme Precautions est une pièce de maître. Dans le monde d’Extreme Precaution, pas de nom de morceau, pas de nom d’album (si ce n’est I). Onze pistes toutes aussi folles les unes que les autres s’enchaînent à une cadence démentielle voire démoniaque.

/!\ Dangerous Room /!\

Autant vous dire que ce premier album ne fait pas dans la dentelle. Non pas qu’il soit dépourvu de détails, il est d’une brutalité jouissive et pécheresse. Vu que les morceaux n’ont pas de titre je ne vais pas pouvoir vous en citer mais, une grande partie d’entre eux balancent un max. Quand je dis un max, c’est vraiment un MAX ! Le volume sonore est totalement disproportionné. Les kicks filent à un rythme totalement décadent, laissant le peu de place qu’il reste pour les basses cradingues. Malgré ce marasme sonore, ce premier opus à quelque chose de réconfortant, d’intimiste. Pas besoin de faire du folk pour livrer ses émotions. On pénètre en moins de deux dans l’inconscient de son créateur. Sa musique est livrée sans concession. « Take it or leave it » comme dirait Mya Frye entre deux pas de danse dégueulasses.

La poésie dans une marre de sang

L’esprit de Paul Régimbeau n’est pas uniquement centré sur la violence sonore. L’ouverture de l’album est vraiment sublime. Tous les sons sont saturés au max. Pourtant, on irait presque verser une petite larme tant ce morceau témoigne avec sensibilité d’une génération mise de côté et hachée menu par une société totalement déviante. L’ami Tellier parlerait sans doute de « l’amour et la violence ». L’attirance et le dégoût, la passion et l’ennui. Vous passerez sans certainement par tous ces sentiments à l’écoute de l’album.

Paul Régimbeau ose ! Il ose traiter le son d’une manière inattendue, hors des modèles pré-établis. Il ose se livrer à coeur perdu dans un disque charnel et passionné. Il ose se faire plaisir et par procuration nous faire plaisir. Un album aussi beau que brutal. Aussi poétique que violent. Aussi désordonné que magnifique.
Valentin_Lalbia
9
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le 18 nov. 2014

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