Que dire d’Abysse et de son album I Am the Wolf, découvert via Neoprog? Que c’est un groupe français, que son album est instrumental et qu’il oscille entre métal progressif, rock progressif, post-rock et rock alternatif, notamment, mais qu’il n’est pas super-facile à cadrer. Qu’il est très bien, aussi.
Le groupe mélange donc beaucoup d’influences diverses pour sa musique, qui rappelle également les parties les plus mélodiques de Mastodon. Les mots-clés de I Am the Wolf sont « puissance », « intensité » et « atmosphère »; certes, cette dernière est plombée comme un orage tropical pendant une guerre des gangs, mais ça n’empêche pas les trouées lumineuses.
L’album compte sept pistes, entre quatre et dix minutes, pour un peu moins de quarante-cinq minutes. Abysse frappe fort, mais ne s’attarde pas: hit and run, en quelque sorte. C’est plutôt une bonne chose, le format s’accorde très bien avec le style très percutant du groupe.
Le groupe ouvre les hostilités avec "Persuasion" et sa narration énervée – l'album est un concept-album inspiré du jeu vidéo Max Payne qui mêlait la vengeance d'un flic et le monde des esprits – et se poursuit sur un ton similaire, mais en instrumental. On y retrouve le côté cinématique du post-rock, mais avec un côté saignant; ce n'est pas de la bande-annonce pour contemplatif.
Abysse impressionne par le côté très maîtrisé de sa narration musicale. C'est tendu, sombre, avec quelques trouées lumineuses (comme "Frozen Flesh") qui replongent encore plus loin dans les ténèbres. Comme son nom l'indique, quoi. Je pinaillerais juste sur la longue plage de silence de "Reality and Secrets", la piste finale; le procédé m'agace.
Pour ceux qui cherchent du post-rock un peu plus différent, plus mordant, mais avec toujours un goût pour les ambiances, I Am the Wolf est un album à recommander. Il est disponible sur Bandcamp pour €5, ce qui est franchement donné pour la qualité de l'ensemble.