Enrico Rava – Il Giro Del Giorno In 80 Mondi (1972)
Cet album qui fleure bon les années soixante-dix est le tout premier d’Enrico Rava, il connaîtra une seconde vie lors d’une réédition sur le label Black Saint en soixante-seize, qui lui accordera le bénéfice d’une plus grande notoriété. Enrico sort cet album après un passage dans l’orchestre de Carla Bley et commence ainsi une carrière de leader.
Le trompettiste s’entoure d’excellents musiciens accompagnateurs, le guitariste Bruce Johnson par exemple qui brille excellemment sur cet album, il est soutenu également par Marcello Melis à la basse Fender et Chip White à la batterie. Cet ensemble constitue un quartet qui oscille entre musique funky et courts passages parfois un peu free.
Enrico est l’auteur de toutes les compos excepté la dernière de l’album « Ohlos De Gato » qui est signée Carla Bley. Il manifeste un certain don pour l’écriture des thèmes, le titre d’ouverture par exemple « C.T.’s Dance », probablement un hommage à Cecil Taylor, est particulièrement réussi avec un Bruce Johnson très en forme, le genre de thème très affûté qui touche direct.
« Back To The Sun » est également bien vu, le morceau titre « Il Giro Del Giorno In 80 Mondi » ouvre la face B, c’est une sorte de ballade qui laisse transpirer une grosse dose de lyrisme, le trompettiste s’en donne à cœur joie, bien accompagné par les sons de la guitare. La pièce suivante est plus enlevée, le duo trompette basse, bien soutenu par la rythmique se lâche bien, chaque pièce nous prouve que la formule du quartet sans piano, mais avec guitare, est très efficace.
Aujourd’hui Enrico Rava joue encore, il n’a renoncé ni à sa musique, ni à ses idéaux, il prend encore des risques en choisissant de jouer ce qu’il aime avant tout, la musique libre, son dernier album sorti en deux mille vingt-deux, « 2 Blues For Cecil » regarde toujours du côté de Cecil Taylor l’irréductible, y-a-t-il de plus forts témoignages et de plus indéfectible fidélité ?