Steve : « Voici une pièce sombre et mal ventilée de mon studio d’enregistrement Timeroom dans laquelle je m’allongeai accroupi par les dernières journées froides et pluvieuses de 2014, à la recherche de bobineaux perdus au début des années 80 dans lesquels on avait improvisé une longue mélopée chamanique sur des bols à punch un soir de pochetronerie védantique debout sur des chaises dans la cuisine avec Byron Metcalf et Jorge Reyes. Mais je ne les ai jamais retrouvées, sans doute que les étiquettes étaient écrites toutes de traviole alors de rage je me lançai dans Invisible, qui est un paysage de rêve primordial ultra-profond de zones de mercure changeantes. Des fantasmes amorphes enveloppés de brume apparaissent et s'éloignent au fur et à mesure que des murmures de substrats distants sont ressentis autant qu'ils sont entendus. C’est pour ça que ça fait un peu peur, on craint que Vidna Obmana surgisse de derrière les tentures écarlates où il se tapissait partout, même dans les toilettes. Quelques jours à peine après la création de cette pièce, le disque a été offert en cadeau sur mon site le soir du Nouvel An et beaucoup ont pu voyager profondément dans la nouvelle année dans une expérience sonore collective mondiale, puisqu’on les a retrouvés pendus dans une magnifique synchronicité dès le matin du 2 janvier. »
Dans la veine toxic-groovy limbo, l’improvisation ce jour-là à base de vapeurs plombées (mais toute la musique générée par Steve n’est-elle pas qu’une gigantesque empilement d’expériences délétères, coagulées puis renforcées au stratifié de 1,5 mm ?) s’inscrit dans la veine "méditation de cave à charbon" récemment illustrée par InnerZone (2002)
Un good-feeling movie, comme y disent, mais pour claustrophiles uniquement.