Anatoly Vapirov - Invocations (1984)
Anatoly Vapirov est l’un des jazzmen les plus reconnus du jazz soviétique, il joue des saxophones et possède une expertise dans l’histoire du jazz américain, ayant pratiqué l’école « bop », puis le jazz-rock et, enfin, un jazz aux sonorités plus expérimentales et contemporaines, comme en témoigne cet album de 1984. Rien d’étonnant dans ce parcours puisqu’il est professeur de musique au conservatoire de Léningrad où il s’est spécialisé dans les cours de saxophone. C'est également une figure éminente du jazz russe.
La première face « Invocation of a Spirit » est assez poignante, on pourrait y entendre les pleurs de l’âme slave et les tourments de l’esprit russe tel qu’il apparaît parfois dans la lecture classique, en même temps la pièce nous semble terriblement proche, elle se livre sur le ton de la confidence, entre classicisme et chamanisme.
Sur la seconde face le saxophone d’Anatoly se double du son d’un basson joué par Alexandrov, les improvisations fusent, courtes, s’interpelant, Sergey Kuryokhin au piano dramatise et s’inspire de Cecil Taylor, et, comme parfois Anatoly rappelle à la vie Albert Ayler, le free éclate au fil de cette « Invocation of Fire ». Le dernier mouvement autour du thème de l’eau permet à Sergey de déployer l’étendue de son talent, le « piano préparé » à l’œuvre nous plonge à nouveau dans le mystère.
Le jazz russe existe, je l’ai rencontré et il est fameux !