Pharoah Sanders - Izipho Zam (My Gifts) - 1973
Toujours en se référant non pas aux dates de sorties mais à celles d'enregistrement, nous voici en janvier soixante-neuf avec "Izipho Zam" qui ne parut que sur le tard, en 1973.
Voici un bel album sorti par le label Strata East, le second de la « Dolphy Series », il s’agit de Izipho Zam (My Gifts) de Pharoah Sanders. Souvent quand on parle de la discographie de Pharoah on a tendance à la classer à gros traits en trois phases.
La première, c’est évident, c’est quand il jouait aux côtés de John Coltrane, second ténor devenu nécessaire quand le souffle venait à manquer. Déjà il avait une forte personnalité, à mon avis il est possible qu’il n’ait jamais aussi bien joué qu’à cette période, du moins il a atteint des cimes auxquelles il s’est peu aventuré par la suite.
La seconde correspond à la période Impulse avec une discographie tout à fait réussie et même quelques albums cultes, jusqu’en 1974. Pour la suite c’est un peu plus compliqué, il y a clairement une baisse de régime mais, s’il y a des bas, tout n’est évidemment pas à déclasser…
Izipho Zam est un peu à part, car, tout comme pour l’album de Cecil Payne, il n’est pas sorti l’année de son enregistrement, paru en 73, il a été enregistré en janvier 69, un mois avant « Karma » l’album le plus souvent plébiscité dans la discographie de Pharoah Sanders ! Cette proximité de calendrier attire l’attention avec raison, l’album est vraiment très bon.
Le premier titre de l’album est "Prince Of Peace", qui deviendra plus tard "Hum-Allah-Hum-Allah-Hum-Allah" sur Jewels Of Though. Leon Thomas est déjà présent, il s’illustre par son chant, mais c’est surtout le second titre « Balance » qui est exceptionnel avec un magnifique solo de Pharoah et un Sonny Sharrock extrêmement brillant qui illumine la pièce de toute sa classe.
La face deux est entièrement dédiée à Izipho Zam d’une durée proche de vingt-neuf minutes. On trouve ici ce qui fera longtemps la marque de Pharoah, de longues phases dominées par le jeu de multiples percussions sur lesquelles interviennent à tour de rôle chants, solos des uns et des autres. C’est le Pharoah que l’on aime, celui qui deviendra une icône de la Great Black Music.