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Né en pleine mouvance hipster, le garçon en est pourtant sorti indemne si l’on met son goût pour cette chemise douteuse de côté. Ce n’était pas gagné, l’idée d’avoir tout et à la fois pas grand chose à dire et à montrer était casse-gueule et n’allait sûrement pas passer l’été. Sûrement seulement, puisque voilà Only Real débarquer après deux années d’activité avec un premier album Jerk at the End of the Line.


Élu produit de l’été


La vie ne doit pas laisser place à la contemplation, inutile de regarder derrière soi, inutile non plus de trop s’avancer alors qu’on sait pertinemment que certains événements pourraient contrarier nos projections. Il est possible de résumer la philosophie de vie de Niall Galvin avec ces mots. Tout du moins, c’est ce qu’il souhaite transmettre à travers sa musique. Ce dernier cultive donc une culture du présent, il n’est pas question de se lamenter sur son passé ni de s’aventurer assez longtemps dans un futur imaginé.


Only Real n’est certainement pas le projet d’un egotrip, on raye de suite le rapport au sexe omniprésent chez certains et les drogues. Le garçon se contente de ce qui fait son pain quotidien, et de ce qui est le lot de tout un chacun. C’est ainsi qu’est né Backseat Kissers, premier coup d’éclat, qui lui a permis de mettre son travail en lumière. Il y a deux ans et demi, celui qui n’était alors qu’un espoir de la nouvelle scène anglaise balançait un clip sur ses potes, le skate, et ses achats dans l’épicerie la plus proche. Il avait tout pour être l’hymne d’un été 2013, et s’effacer petit à petit. Cependant, à l’écoute de ce single, sortaient des sonorités qu’on avait alors pas entendues jusqu’à présent. A partir de ce moment, Niall Galvin atterrissait dans la cour des grands sans pour autant le savoir encore.


Un homme heureux


Il est perché. La musique le rend heureux, c’est contagieux. Ce sentiment nous a habité pendant et après sa performance au Midi Festival en 2013. Il aura tout de même fallu deux ans afin de pouvoir écouter ce qui s’apparente à être l’un des premiers essais les plus réussis pour un artiste de sa trempe et de son temps, King Krule fait aussi partie de ceux-là. On pouvait être inquiet à l’écoute de l’EP Days In The City qui était assez inégal dans son contenu. Cet album lève tout doute quant à la capacité qu’a Only Real de se transcender et de faire valoir son savoir-faire.


Il veut faire participer. En prenant le meilleur de la britpop, en y ajoutant des notes de rock psyché, pour enfin saupoudrer le tout par ce qu’il sait faire de mieux, à savoir son goût prononcé pour le hip-hop, le londonien orchestre une véritable machine à danser. Finalement, si lors de ses représentations scéniques il pouvait faire monter tout le monde sur scène, il le ferait. Les voix forment un instrument de plus, les textes sont parfois secondaires bien que travaillés. Son amour pour les guitares et les pédales d’effet bien retranscrit rend l’objet fascinant.


Des tubes intemporels


La dépression devient quelque chose d’obsolète dès lors que Niall Galvin fredonne les premiers airs de Can’t Get Happy. Chanter la dépression est une manière de lui faire un gros doigt. Rien ne semble avoir de réelle importance à l’écoute de son projet, on en revient à l’idée de profiter autant que possible de ce qui passe au moment présent et d’arrêter de penser.


Sincèrement, on prend beaucoup de plaisir. Que ce soit les guitares qui montent dans les aiguës dans la plupart de ses refrains ou son flow terriblement accrocheur, Only Real réussit à provoquer l’attachement au moyen de ses chansons mais également de son personnage. On se demande si le titre Daisychained a été inspiré d’une rencontre entre Swim Deep et lui-même. Break It Off marque une rupture agréable après le très bon Yesterdays.


Only Real parvient à faire le pont entre couplets parlés et refrains chantés, il finirait presque par nous rendre niais. When This Begins signe l’épilogue d’un album jeune et dynamique qui peut tout aussi bien être le prélude d’un prochain opus où il sera cette fois-ci indispensable de se poser des questions comme dans toute vie d’adulte.

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le 3 avr. 2015

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