La B.O. du documentaire sur le fascinant projet avorté d'adaptation de Dune par Jodorowsky semble venir de l'époque-même que le film décrit, le milieu des années 70. Armé de ses synthétiseurs analogiques au son si particulier (que j'adore), et parfois d'une guitare, Kurt Stenzel invoque les esprits de Vangelis, Jarre, Tangerine Dream, Schulze et Carpenter pour composer ce voyage dans le temps, cette régression délicieuse pour les adeptes comme moi de cette mouvance éphémère, qui disparaîtra quelques années plus tard avec l'arrivée du sampling et des synthés numériques.
Même si j'avoue ne pas avoir été particulièrement convaincu par le mariage de la musique avec les images du documentaire, et avoir regretté au final que les contraintes d'une bande originale aient pesé sur la liberté de composition (pas mal de pistes courtes bridant le développement), je me suis pris à tenter d'imaginer ce qu'aurait donné une telle approche musicale sur le film s'il avait vu le jour, en particulier avant le renouveau symphonique amené par Star Wars en 1977. Dans l'impossibilité de conclure, et tiraillé entre ces deux mondes musicaux si éloignés mais que j'aime autant, je ne peux que remercier Stenzel d'avoir fait revivre brièvement celui qui est désormais mort pendant cet album qui n'aurait peut-être pas dû être une B.O.