Pharoah Sanders - Journey To The One (1980)
La période post Impulse de Pharoah Sanders est souvent sujette à caution, voire soupçonnée de trahison artistique. Ce procès est souvent excessif et masque une partie essentielle de l’œuvre de Pharoah, les albums enregistrés sur « Theresa Records » réservent quelques très bonnes surprises, comme ce « Journey To The One » double LP enregistré en 1980.
La pochette d’origine est en carton solide comme on aime sur les pressages US. Le contact est rassurant. Au dos on peut lire la liste des musiciens principaux, John Hicks et Joe Bonner aux claviers, Ray Drummond à la basse, Idris Muhammad à la batterie, Yoko Ito Gates au koto sur « Kazuko (Peace Child) » et Eddie Henderson au bugle. De nombreux autres participants sont également présents, mais la liste est longue et varie au fil des titres.
Certes, le free n’est présent qu’au travers de quelques rares solos qui glissent presque malgré eux vers le cri, laissant place à un post bop assez convenu, mais une certaine grâce toute coltranienne est présente et les références au quartet mythiques sont nombreuses. "After The Rain", ballade signée Coltrane est interprétée, ainsi que « Easy To Remember" de Hart et Rodgers que Coltrane a joué sur l’album « Ballads ».
On trouve également présentes des influences indiennes sur « Soledad » avec sitar et tabla et d’autres japonaises avec le koto sur « Kazuko ». Un parfait album de freak, mais pas que, même si ça peut surprendre on y trouve une ballade soul chantée, « Think About The One », en début de quatrième face, pièce très agréable, mais côté vocal elle est surpassée par l’étonnant « You've Got To Have Freedom » au début de la troisième face dont l’introduction rappelle les meilleurs souvenirs de Pharoah. Le dernier titre « Bedria », à nouveau une ballade mais cette fois-ci dans le registre habituel de Pharoah, de la paisible spiritual music. Il faut aussi ajouter « Doktor Pitt » et « Greetings To Idris » qui ouvrent l’album avec une force exceptionnelle.
C’est l’impression générale qui domine ici, loin des chevauchées au sax aux côtés de Coltrane, mais de la quiétude et de la paix, du calme et de la sérénité, un album finalement plébiscité par le public qui lui fera un très bon accueil.