Strawbs est un groupe qui donne de grands frissons et qui sait surprendre d'albums en albums depuis ses débuts . Ici le premier grand album du groupe qui le fait entrer par la grande porte dans le rock progressif et lui fait quitter tranquillement son très beau côté folk.
le changement de personnel y est pour quelque chose . Hudson-Ford, le duo célèbre arrive mais surtout Rick Wakeman. J'ai toujours dit que Wakeman avait donné le meilleur de lui-même dans le cadre de Strawbs et plus tard sur les albums en duo avec David Cousins , le chanteur pilier de Strawbs.
Le rêve de Martin Luther King est un morceau qui commence bien l'album. Point. L'album prend son envol avec la chanson suivante : L'Antique Suite. La voix un peu nasillarde mais si touchante de Cousins avec Wakeman au clavecin est le premier grand moment du disque. Le groupe travaille en délicatesse puis la thématique du début revient et la finale partagée entre le clavecin nerveux et les tambourins est du plus bel effet.
Temperament Of Mind est le morceau où Wakeman est laissé seul à lui même pour un très beau solo de piano qui couvre toutes sortes d'angles. C'est avec ce solo que le Melody maker qualifia le musicien de future grande star des claviers. Je vous laisse le découvrir mais attendez-vous au meilleur du maître sans trop de cabotinage dans un enchaînement fort efficace.
Fingertips est une chanson douce avant la tempête. Elle a un côté vieillot et rendra nostalgique l'auditeur sensible. Le piano délicat, presque du Satie, de Wakeman enchaîne avec la chanson de La Petite Fille Triste. De la dentelle où la voix douce de Cousins s'élève presque comme dans une comptine enfantine. La chanson devient tout simplement merveilleuse au milieu quand Wakeman donne la mesure de son talent et la guitare acoustique ne fait que souligner le travail du maître. Une petite perle douce et qui finit comme une berceuse. Magnifique.
La dernière chanson de l'album original est la pièce de résistance. “Where is this dream Of Your Youth”. L'orgue de Wakeman frappe pour la première fois, sans éclats, en touches fermes mais sans ce côté Las Vegas qui le frappera plus tard sur ses albums solos. Son solo à 1.30 est tout simplement l'un des plus grand moments de sa carrière. Il amène ce morceau à la folie et le band est à la hauteur. Une pièce maîtresse si on veut comprendre et suivre l'évolution du groupe et ce qu'il annonce. presque 10 minutes d'un Wakeman déchaîné mais en contrôle. Qui n'a pas entendu cela ne peut prétendre évaluer Rick Wakeman justement.
Cet album est mythique dans la discographie de Strawbs. Il faut l'avoir écouté si ce ne serait que pour la remarquable performance de Wakeman. Détail, il fut produit par Tony Visconti.
Les bonus de la réédition dont 2 titres du même concert affaiblissent le disque . L'interminable Vison Of The Lady of The Lake passe mal sur disque et Wakeman y est inexistant. We'll Meet Again Sometime est intéressant pour le jeu de Wakeman qui emporte le morceau dans une partition intéressante. C'est ce qui sauve ses bonus de la catastrophe. Quant au dernier titre Forever, c'est le seul titre qui n'appartienne pas au concert. C'est du studio il sonne comme du Moody Blues et le premier Genesis. C'est bien fait, c'est bon avec une mélodie de film d' amour de série B. Probablement que pour conquérir une fille dans les années 70 cela pouvait être le morceau à mettre en tentant un premier baiser.