Critique croisée: Soda Vs Meshuggah (Koloss)

"Mais comment on fait pour toujours passer pour des bouffons?"

Cette phrase prononcée par Kev Adams durant la diffusion de sa série Soda est diffusée pile au moment avant que mon MP3 me lance la troisième piste de l'album Koloss de Meshuggah, Do Not Look Down. Le tempo était parfait. Du coup, la comparaison entre ces deux entités s'est révélée inévitable. Mais Soda et Meshuggah, Késako?

Soda est une série télévisée impulsée par l'humoriste Kev Adams racontant l'histoire de l'adolescence vécu par trois paumés. Parce que c'est rigolo les paumés. Surtout à la télévision.

Meshuggah est un groupe de musique suédois appartenant au genre du metal, mais qui pratique un type de metal qui compte parmi les plus violent du genre. C'est comme l'aîle extrême d'un bord politique déjà extrême.

Croisons ces deux œuvres, et un problème apparaît déjà: peut-on considérer Soda comme une oeuvre? Si la réponse est oui, les dictionnaires considèrent Kev Adams comme un artiste. Ce qu'il n'est pas. Où alors il l'est mais dans le sens familier du terme.
Pourtant Kev Adams est un humoriste qui a du potentiel. Il sait fait rire et il peut le faire bien, il suffit de voir la vingtaine de sketchs effectués dans l'émission On n'demande qu'a en rire. L'intéressé avoue lui même qu'il a énormément travaillé lors de son passage dans cette émission pour produire des textes de bonne qualité.
Mais alors que On n'demande qu'a en rire progressait en popularité, L'ami Kev décide de partir vers une autre chaîne produire un projet qu'il désirait concrétiser, à savoir une série humoristique sur les jeunes. C'est tout à son honneur, mais il s'est lancé dans cette aventure comme un gamin: les mains dans les poches.
Résultat, les textes insipides s’enchaînent, les gags ultra-lourds tombent à l'eau et les protagonistes sont cons. Ils sont même plus cons que le con de service, car lui il est né pour être con, alors que les autres sont cons parce qu'ils se donnent pas la peine de réfléchir. Que ce soit dans la fiction ou dans la réalité. Tout un potentiel foutu en l'air.

Meshuggah est l'anti-thèse de Soda. Crée en 1987, ce groupe de musique extrême commence avec un style habituel et reconnu appelé le Thrash metal.
Mais tout en conservant cette aspect, ils se réorientent vers un style nommé le metal progressif avec des élément provenant du death metal.
Imaginez une chanson de metal de 3 à 4 minutes comme il en existe dans l'album Toxicity de System Of A Down (SOAD, annagramme de Soda. Paix à leurs âmes).
À partir de là, doublez la durée du morceau, changez de chanteur pour quelqu'un ayant une voix exclusivement gutturale, rajoutez une guitare, rajoutez 2 cordes aux guitares, une corde à la basse et une double grosse caisse pour la batterie.
Ça pose déjà le changement d'univers.
Ajoutez maintenant à cela des structures musicales complexes et polyrythmiques, des textes philosophiques, des expérimentations monstrueuses et des guitares dont le son est alourdi à l'extrême, et vous obtenez l'un des groupes de musique comptant parmi les plus violents de l'histoire musicale.
Ici, le potentiel est utilisé à 120%. Tout le talent de chacun des musiciens est utilisé pour travailler à la création de morceaux toujours plus complets et massifs, résultats de leurs expérimentations. Meshuggah compose à ce jour une des plus belles musiques au monde.

À ce niveau de la critique, on peut se demander pourquoi avoir fait une comparaison aussi improbable.
La réponse, c'est que ces deux entités ont fait un choix: soit donner un contenu ultra-accessible, soit fournir quelque chose qui est ultra difficile d'accès.

Soda, c'est une vision je m'en foutiste édulcorée sur l'adolescence. Quelque chose qui se regarde le cerveau sous GHB avec quelques spasmes si le con de service fait quelque chose.
Meshuggah, c'est un cauchemar de complexité. Si vous êtes un non-initié, écoutez un album de ce groupe en entier et vous ne serez plus la même personne à la fin. "Meshuggah, peut-être les descendants d'une cohorte de vikings partis violer des indigènes". C'est l'idée... C'est clairement l'idée.

Pour trouver et prendre le temps de regarder Soda, rien de plus facile. Il suffit de quelques secondes pour appuyer sur une touche de votre télécommande.
Pour trouver et prendre le temps d'écouter Meshuggah, il m'a fallu personnellement quatre ans de découvertes musicales.

Quelques secondes.

Quatre ans.

Tout le monde a le temps pour quelques secondes, mais une partie d'entre nous n'a pas le temps ni l'argent pour chercher quatre ans dans un genre musical qui n'est pas facile d'accès à la base.

Soda et Meshuggah se résument alors ainsi.
Un passe temps de mauvaise qualité à porté de mains pour le premier.
Une musique excellente mais élitiste pour le second.

"Mais comment on fait pour toujours passer pour des bouffons?"

Sache mon petit Kevin que tu ne le fais pas exprès. C'est juste que tu n'as pas eu assez de chance...

Soda: http://www.senscritique.com/serie/Soda/453045
Meshuggah (album: Koloss): http://www.senscritique.com/album/Koloss/7889538