Écrire une introduction d'article, cela peut prendre du temps où se faire en un claquement de doigt. C'est pareil pour l'écriture d'un morceau de musique: Cela peut prendre trois heures (Another World: une ligne de batterie, une ligne de guitare, emballé c'est pesé) comme cela peut prendre des années (Born for one Thing, dont la gestation à commencé vers l'Enfant Sauvage). Aussi bon soit le premier morceau de Fortitude, je vais éviter de faire la même chose... Sinon on n'est pas rendu.
Fortitude était prêt avant l'arrivée du Covid-19 (le clip de The Chant a été tournée fin 2019). Cependant, avec les circonstances que l'on sait et que nous vivons encore, il était impossible pour Gojira de sortir l'album. Au mieux sortir un single, Another World, choisi pour faire évader les auditeurs vers un autre monde que le nôtre... qui se retrouve être notre Terre des siècles plus tard, avec une chouette référence à La Planète des Singes. J'ai eu du mal à intégrer Another World comme un titre de Fortitude: Il s'est écoulé tellement de temps entre la sortie du single et l'arrivée de l'album qu'il est devenu un peu à part.
Les membres de Gojira ne sont pas fan des singles. Ils préfèrent sortir leurs albums d'un bloc. Tel morceau est un mur porteur tandis qu'un autre est une fenêtre; chaque titre à sa place dans un album et retirer ou mélanger les morceaux trahirait cet ensemble. Un point de vue que je partage grandement. Roadrunner Records, qui oeuvre pour la communication du groupe, est moins de cet avis, ce qui est tout à fait compréhensible. Sur un intervalle de neuf mois, cinq singles sortiront avant que l'album soit enfin disponible. Un gouffre, mais c'était nécessaire. Fortitude a eu le temps de "pourrir" en Joe qui a hâte de passer à l'écriture du prochain album.
Revenons à Fortitude: la pochette, réalisé par le chanteur-guitariste Joe Duplantier (comme toutes les pochettes excepté Magma), n'est pas la plus belle illustration d'album que j'ai pu voir mais elle révèle quelque chose d'intéressant: c'est une fusion entre la pochette de The Way of All Flesh et... Emperor of Sand de Mastondon, un des albums favori de Joe dans les années 2010 qui représente à ses yeux une nouvelle ère pour la musique metal avec des racines dans le bon vieux rock & roll (source: https://www.rollingstone.com/music/music-lists/gojiras-joe-duplantier-my-10-favorite-metal-albums-201839/mastodon-emperor-of-sand-2017-201870/ C'est après avoir lu cet article que j'ai écouté Emperor of Sand. Cet album m'a enfin ouvert la voie vers tout Mastodon, donc je vous le conseille également).
La grande force des albums de Gojira est de donner la rage de vivre: Quiconque ayant plongé dans From Mars to Sirius peut témoigner de la puissance de la supernova que l'on se prend en pleine tronche, supernova qui vous transcende et vous donne l'énergie nécessaire pour se dépasser afin de devenir une meilleur personne. Au moment de commencer l'écriture de Fortitude, Joe évoque avec son frère batteur Mario Duplantier l'esprit qu'il veut transmettre dans ses morceaux: donner de la force. Joe insiste sur le fait que le terme fortitude, ce n'est pas Force + Attitude. La fortitude, c'est une force morale devant les épreuves de la vie. Lancer Fortitude avant de faire quelque chose de douloureux (le sport, le travail et plus si affinité) me donne la force pour soulever des montagnes. De mon côté, le contrat est rempli.
Dans l'interview des quatre membres de Gojira faîte à Rockhard (beaucoup de propos de mon papier viennent aussi d'interviews du groupe sur Youtube, n'hésitez pas à fouiller), il a été souligné que la noirceur de Magma (le sixième album conçu dans la douleur du deuil des frères Duplantier pour leur mère décédée) a eu un effet cathartique, ce qui leur a permis ensuite de rebondir pour écrire des morceaux plus joyeux, colorés et rentre-dedans. De ce côté ci, ça marche également. Les cinquante minutes sont conçues tel des montagnes russes: Son intro d'une minute avant la baston (Born For One Thing), ses envolées vers les cieux (Amazonia, Another World), ses moments percutants (Sphinx, Hold On), ses instants plus calmes (Fortitude, The Chant, The Trails) et son bouquet final extraordinaire, The Grind, qui va tout casser en live. Into the Storm et surtout New Found n'ont pas encore fait complétement écho en moi, mais j'espère qu'à force d'écoutes ils trouveront une place dans le tout.
Pour conclure, j'ai très hâte de voir l'interprétation des morceaux de Fortitude en Live. Si les concerts de Gojira à la fin des années 2010 m'ont permis d'aimer de tout mon coeur Magma alors que ce n'était pas évident au début, il n'y a aucune raison pour que les titres de Fortitude ne prennent pas une autre dimension lorsque nous nous retrouverons enfin pour en prendre plein la tronche par nos Ondrais favoris.
En attendant, From Mars to Siruis jusqu'à ce que la dernière étoile dans l'univers ait fini de briller.