Après un premier album très engagé, Du Rouge et de passions, Cyril Mokaiesh nous offre là un recueil plus léger dans la forme, mais gardant un fond que j'apprécie toujours autant. Dans des chansons d'aspect moins critiques, il arrive tout de même à nous transmettre ses idées, de manière plus implicite, certes, mais avec une subtilité assez intéressante à relever.
Preuve par l'exemple : rien de mieux que comparer les titres Mon époque, de son premier album, et Ô Jeunesse, de celui ci. Le message est le même : dénoncer la société actuelle, et notamment les jeunes.
Mais dans la chanson de son premier album, la critique est faite de manière ouverte, en insistant tout particulièrement sur le défauts majeurs de la société de notre époque.
Alors que dans le titre Ô Jeunesse de son nouvel album, nous observons là toute la maturité prise par l'artiste au cours de la période entre les deux dates d'écriture, et surtout le changement de la forme que prend le message à faire passer par les chansons. Dans cette dernière, critique à l'encontre des jeunes d'aujourd'hui, Cyril Mokaiesh essaie de varier, jonglant entre pointage du doigt des failles de la nouvelle génération, et insistance sur le rôle qu'elle a à jouer dans la construction du monde de demain, et du poids qui pèse sur ses épaules, en cherchant presque même à l'aider par la dernière phrase de la chanson : "Jeunesse, tiens quelques roses" Et l'idée passe beaucoup mieux dans cette nouvelle chanson, basée sur une mélodie plus douce.
La mélodie, justement, qui est bien plus tranquille tout au long de l'album, par rapport aux musiques un peu plus agressives de son premier recueil, et qui va dans le sens d'une création plus légère.
De même, cet album se veut un peu plus personnel, avec par exemple le dernier titre Le Cèdre au Liban, rapport à ses origines paternelles, le titre La Demande, ou alors le fait qu'il ai décidé de le signer au nom de Mokaiesh (tout court), comme le nom du groupe auquel il a appartenu entre 2007 et 2010.
Après, concernant les paroles, on n'est jamais déçu par Cyril Mokaiesh, mais personnellement je ne peux m'empêcher de m'extasier en entendant les innombrables figures de style, qui composent un texte riche en subtilités.
Alors finalement, vous trouverez sans doutes cela étrange que je n'accorde "qu'un" neuf à cet album alors que j'avais donné un dix au premier et que je viens de relever toutes les améliorations de ce dernier ? Eh bien mon esprit tellement torturé ne peut s'empêcher de penser que ce penchant vers la légèreté est peu être un brin commercial, car évidemment, les titres de ce nouvel album sont bien plus simples à diffuser à la radio que celles du premier. Alors je trouve cela dommage d'avoir un peu mis de côté l'aspect vraiment résistant, de chants de lutte, mais c'est la vie des artistes, de parfois varier de registre (même si là le changement reste léger). Mais ceci ne demeure qu'un avis personnel !
Mention spéciale au morceau Jeux de la Vie que j'apprécie tout particulièrement.