Last Exit - Cassette Recordings '87
Toujours sur le label « Enemy Records » voici le troisième album live consécutif de la part de Last Exit, cette fois-ci en 1987, comme l’indique le titre de l’album. Le quatuor reste inchangé, tout au plus quelques ajouts d’instruments pour Brötzmann, le Tárogató et le saxophone basse. Malheureusement peu de renseignements sur la pochette vinyle d’origine, personnel, titres et lieux d’enregistrements…
Quoiqu’il en soit cette première face occupée par le seul « Line Of Fire », une compo des quatre, est absolument phénoménale, et se place très haut dans la discographie du groupe. Un blues, certes, mais qui ne se teinte de ses couleurs bleues que dans sa partie terminale, après de nombreux détours et de nombreuses explorations qui permettent à chacun de se montrer à son meilleur.
Ce qui tombe bien… car il y a un monstre à chaque poste, Ronald Shannon Jackson est tentaculaire, et, lui qui joua derrière Albert Ayler, n’est pas le plus malhabile sur ces groove rhythm’n blues tendances free, d’ailleurs l’entrée en matière est un bref hommage à Ayler de la part de Brötzmann qui sait d’où il vient.
Et puis il y la basse grondante de Bill Laswell qui ne cesse de gronder, une « Fender six strings bass » qui gravit les montées, descend les pentes et fonce plus vite que la marée du Mont St Michel quand elle galope la crinière au vent. Sonny Sharrock improvise à tour de bras côté droit avec une fougue inouïe, nourrissant d’un combustible incandescent le pavillon de son alter-égo qui souffle et s’époumone dans le cri ! Si je me fie à l’ordre d’écriture concernant les dates sur la pochette, ça se serait déroulé au Danemark, à Copenhague.
Mais, puisqu’il y a une face une, il faut aussi une face B, elle contient cinq titres et aurait été enregistrée pendant le célèbre « North Sea Jazz Festival » à La Hague, en Hollande. Elle est l’occasion d’écouter Ronald Shannon Jackson au chant sur « Big Boss Man », signé Jimmy Reed, qui ouvre la face, c’est assez bref, un blues d’un peu plus d’une minute avant de basculer sur « Sore Titties » qui s’étale, lui, nerveux et passionnant, tendu et lyrique même, propice à de sévères solos de Brötzmann puis de Sonny Sharrock…
Un peu plus loin Ronald Shannon Jackson chante à nouveau sur une de ses compositions, « Ma Rainey » c’est très convaincant, l’album se ferme au son de la guitare de Sonny Sharrock sur « My Balls/Your Chin » …
Vraiment un très bel enregistrement, peut-être mon préféré, free et probablement moins explosif que ses prédécesseurs, il semblerait qu’il ait connu une autre carrière sous un autre nom « From the Board » lors d’une réédition.