Life After Sundown
7.2
Life After Sundown

Album de Ghoultown (2008)

J'ai peut-être mal fait de choisir cet album pour le petit salon de musique senscritiquien car il est assez critiquable sur certains points, et un peu abrupt, ce qui fait qu'au milieu d'albums très travaillés il détonne évidemment. Et pourtant, est-ce l'imagination, la tolérance ou tout simplement l'habitude d'écouter ce genre de musique, Ghoultown me fait voyager d'une façon incroyablement merveilleuse.


Une petite introduction nous dépose dans le désert ouest-américain à la Calexico, mais rapidement Dead Outlaw nous rappelle à la brutale réalité du Far West, celle des hommes sans foi ni loi et du "Aide-toi et Dieu t'aidera !" Alors que les deux-trois premiers morceaux, certes déménagent, mais ne présentent pas d'intérêt extraordinaire, l'album bâtit peu à peu, à base de guitares country, de trompettes et de sifflements, une ambiance à la fois sauvage et sans pitié, et fascinante, à l'image des films de Sergio Leone.


Les différentes histoires que nous conte Ghoultown ont elles aussi une grande importance dans la construction de cet Ouest hostile. On verra des villes fantômes se teinter de quelques créatures fantastiques, mais surtout des moments tous droit sortis d'un western, comme la magnifique I spit on Your Grave.


L'ambiance de l'album culmine lors de la scène du saloon, je veux parler de Drink With the Living Dead, qui vaut qu'on s'y attarde car elle permet de mieux comprendre ce qu'a voulu faire le groupe texan dans cet album (Je vous propose la vidéo sous-titrée). Le rythme fait doucement monter la tension avant de la libérer pour servir l'histoire, le refrain et l'intermède au violon puis trompettes étant particulièrement réussis. Je trouve personnellement cette histoire de Stanton Cree particulièrement jouissive.


Mais l'album laisse parfois ses refrains punks pour des morceaux un peu plus contemplatifs. Ainsi dans Thunder Over El Paso le rythme de la guitare nous entraîne dans une chevauchée enivrante, et Life After Sundown nous proposera elle de suivre Tuco dans une traversée du désert, et peut-être, qui sait, croisera-t-on un serpent à sonnette.


Je pense que la différence majeure de cet album avec les films de Sergio Leone, qui lui aussi mêlait beauté et cruauté dans le Wild West, c'est la maîtrise de l’œuvre : là où l'italien maîtrise parfaitement chaque plan de bout en bout, l'ambiance développée par Ghoultown dans cet album pêche d'un manque de rythme et de cohérence par moments. Mais je lui pardonne ces défauts finalement assez mineurs, d'une part parce que cet album me transporte vraiment ailleurs, et d'autre part parce qu'il n'a jamais eu d'autre ambition que de faire du punk à sa sauce texane, sans à aucun moment revendiquer une quelconque recherche de perfection. Après, il faut aimer les accents un peu punk !

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le 20 févr. 2014

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Nordkapp

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